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La pêche au « jogi »
Le « jogi », une espèce d’ombrine, est un poisson comestible dont la chair est très appréciée par les Coréens. C’est aussi un aliment indispensable dans les offrandes aux ancêtres. Hélas ! Son prix n’est pas à la portée de toutes les bourses. En fait, la quantité de ces poissons pêchés n’est pas très importante, car la saison pour la pêche au « jogi » ainsi que les lieux sont déterminés.

Le nom de ce poisson d’autant plus apprécié qu’il coûte cher est associé depuis toujours à celui d’un archipel : Yeonpyeong. C’est effectivement dans les eaux environnant ce groupe d’îles situé en mer Jaune, à 80 km à l’ouest d’Incheon, que le « jogi » abonde de mai à juin. Dès l’ouverture de cette période, au départ du port de l’île principale Daeyeonpyeong ou « Grande Yeonpyeong », les bateaux de pêche multiplient leurs sorties en mer pour jeter des filets dans les eaux poissonneuses.

Depuis la guerre de Corée, ces pêcheurs sont sous la protection de la marine nationale. En fait, Yeonpyeong se trouve près de la NLL constituant de facto la partie maritime occidentale de la frontière intercoréenne. Autrefois, pour leur retour sain et sauf, et ce avec les cales remplies de poissons, les pêcheurs de « jogi » faisaient appel à une toute autre force : celle des divinités chamaniques.

Un chant, « Sunggeo taryeong », est dérivé d’une cérémonie chamanique à Yeonpyeong pour souhaiter une pêche fructueuse. Alors que « taryeong » veut dire tout simplement « chant », que signifie « sunggeo » ? Un mot exotique à l’oreille des Coréens d’aujourd’hui. Même dans le passé, seul le chaman animant une sorte de fête des pêcheurs de « jogi » devait connaître sa signification, enfin pour peu qu’il ne s’agissait pas simplement de purs sons dépourvus de sens. En fait, c’était un composant d’une courte formule qu’il entonnait de façon répétitive et mélodieuse. Notons qu’en matière de gukak, « sunggeo » est un terme musical désignant une cadence particulière. Chacun sait qu’aux sources de la musique coréenne, il y a entre autres le chamanisme, la mélodie rituelle propre à cette croyance populaire plus exactement.

La cérémonie célébrée à l’ouverture de la saison du « jogi » était une véritable fête. Un rassemblement des marins-pêcheurs et de leur famille, voire de tous les villageois sur une place publique. Cœur gonflé pour les uns de joie anticipée de signer un retour triomphal avec leur bateau plein de poissons, pour les autres d’espérance d’accueillir leurs proches revenus sains et saufs. Musique et danse avec quoi le chaman éveille l’exaltation chez les uns, chasse l’inquiétude chez les autres. Les hommes de la mer sur place ne pouvaient s’empêcher d’accompagner l’animateur des festivités avec leur chant de travail.
 
« Bonggi punwo sori ». Un mot constituant le titre de la chanson, « bonggi », doit être également inconnu de la plupart des Coréens d’aujourd’hui. Cela désigne une tige de bambou de deux à trois mètres de long qui, enfoncée dans la calle, servait à mesurer le stock de poissons pêchés.

Quand la pêche est particulièrement fructueuse, à savoir que la cale est pleine, on n’a plus besoin de cet outil. Celui-ci sert alors à toute autre chose. On fend le bout de la tige de bambou en plusieurs lamelles et attache à chaque lamelle une bande de papier colorée. Qu’est-ce que cela donne ? Eh bien, une hampe surmontée d’une sorte d’étendard. En fait, « bonggi » veut dire littéralement « pavillon phénix ». Autrement dit, ce mot implique l’espérance de bonne pêche. 

A l’approche du port qu’ils regagnent, les marins-pêcheurs dressent le « bonggi » à la proue de leur bateau. Histoire de partager le plus vite possible leur bonheur avec les leurs. « Le voilà », crie un villageois, le premier à avoir aperçu le chalutier à l’horizon. Un instant après, il précise : « Je vois le bonggi ! » Tout le monde a l’air heureux. Leur bonheur se confirme au chant de marins joyeux qui retentit de plus en plus fort à l’approche de la terre ferme.

Liste des mélodies de la semaine
1. « Sungggeo taryeong » chanté par Chudahye Chagis
2. « Bonggi punwo sori » chanté par Kim Yong-woo
3. « Baechigi » chanté par TAAL

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