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L’automne
Bientôt nous plongerons dans les froides ténébres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !

Mais pourquoi regretter ce qui vient de se terminer et craindre ce qui n’est pas encore là ? On aurait pu conseiller au poète de profiter de la saison où il était, à savoir de jouir du moment présent, et ce d’autant plus que l’automne ne manque pas d’attraits.

Autant que la vive lumière d’été, on peut admirer celle d’automne pour sa limpidité et aussi pour sa fragilité, un peu comme certains hommes préfèrent une femme frêle à une femme éclatante de vitalité. Visitez une érablière traversée ça et là par cette belle lueur automnale. Elle va vous offrir un spectacle à couper le souffle. Vous vous dites, installé à la terrasse d’un café : « Tiens ! Aujourd’hui, le café est drôlement bon ! » Eh bien, c’est parce que vous êtes en automne. Grâce à la fraîcheur atmosphérique, vous êtes particulièrement sensible aux odeurs. « L’automne aiguise l’appétit », dit-on au pays du Matin clair. Et en effet, l’appétit est en particulier lié à l’odorat.

Quel instrument de musique est le plus associable à l’automne ? A cette question, un autre poète français, Verlaine, aurait répondu : « Le violon. » Eh oui, « les sanglots longs des violons de l’automne... » Quant aux musiciens de gukak, ils citeraient probablement le piri. Le son de cette espèce de flûte évoque effectivement la limpidité de l’air automnal.
Ayant écouté une sonate pour piri dans une réunion mondaine, les nobles auraient dit : « Elle va parfaitement bien avec la saison ! »

Pour les paysans à la même période de l’année, c’est un moment de grâce. Leurs rizières ondulent de couleurs d’or avec au-dessus un ciel sans nuage. Comme c’est agréable aussi de regarder des arbres portant des fruits ! Pommes, poires, marrons, jujubes... Selon l’esthétique populaire, une des plus belles combinaisons de couleurs est celle du bleu du ciel d’automne et du jaune-orangé du kaki.

Ce ne sont que les gens ignorant la pénibilité du travail manuel qui se désolent à la tombée des feuilles mortes. Pour les laboureurs, l’automne représente une récompense. C’est donc une saison joyeuse. Pour eux, une mélodie qui va bien avec doit être en l’occurrence « Namdo gutkeori ».

Par « Namdo », on désigne le sud–ouest de la Corée, le grenier du pays du Matin clair depuis toujours. Quant à « gutkeori », cela fait référence au rituel chamanique organisé, soit pour faire des vœux, le souhait d’une bonne récolte par exemple, soit pour remercier leur accomplissement.

Quand il s’agit d’une cérémonie de ce genre célébrée par les paysans, une des puissances surnaturelles invoquées est le dragon, un animal imaginaire doté du pouvoir de faire pleuvoir. Le bonheur et le malheur des agriculteurs, des riziculteurs en particulier, dépendent de ses caprices. Qu’il soit bienveillant à leur égard pour qu’ils ne soient victimes ni des inondations, ni de la sécheresse !

C’est sans doute parce qu’il est régisseur de la pluie selon l’imagination des Asiatiques que le dragon est censé demeurer sous l’eau. En effet, dans le numéro de pansori « Le Palais sous les mers », le roi, qui règne sur le monde sous-marin, est un dragon. Une expression coréenne associe également cet animal imaginaire à l’eau. Pour parler d’une personne parvenue à un haut rang social malgré sa naissance dans un milieu difficile, on dit : « C’est un dragon sorti de l’égout. » Et en matière de gukak, il existe une mélodie qui imagine le cri sourd du dragon provenant du fond de l’eau. Elle semble aller bien elle aussi avec l’automne.

Liste des mélodies de la semaine
1. « Sangryeongsan » avec Jang Jae-guk au piri.
2. « Namdo gutkeori » avec Park Se-yeon au gayageum.
3. « Le cri du dragon sous l’eau » avec Kim Jae-hee au saenghwang, Yi Ung au geomungo et Kim Sang-jun au danso.

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