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Culture

Nanbongga ou Chant de la débauche

#Aux sources de la musique coréenne l 2023-10-26

Aux sources de la musique coréenne

Nanbongga ou Chant de la débauche
Cela commence par une série de syllabes dépourvues de sens, ne faisant qu’exprimer des mouvements de l’âme. Chacun peut les interpréter à sa manière. Puis, le mot clef précédé d’un adjectif possessif est prononcé : « Mon amour ». Le texte évoque ensuite un vestige historique dans le nord-ouest de la Corée qui a vu naître cette chanson populaire : « Le fort Jeongbang est envahi par des herbes folles ». Et pour finir, il introduit un coq qui chante à midi.

Récapitulons : un amour, une forteresse, un coq. Ces trois éléments ne s’associent nullement. Le texte, la première strophe plus précisément qui les évoque, semble être le produit d’une « écriture automatique » chère aux surréalistes, un mode d’écriture dans lequel n’intervient ni la conscience ni la volonté. Et c’est peut-être dans cette perspective qu’il faudrait entendre le titre de cette chanson : « Nanbongga » ou « Chant de la débauche ». Un titre qui nous intrigue, car les paroles ne racontent rien qui puisse être jugé excessif et déréglé en matière de plaisir des sens. Or, chanter est un plaisir. Et chanter les données immédiates de la conscience sans aucun effort de les relier, sans obéir à aucune règle, c’est un abus de plaisir.

Ce chant folklorique assez long n’est certainement pas l’œuvre d’une seule personne. On imagine qu’il s’est allongé de façon que sur la même mélodie, plusieurs personnes ajoutent successivement une nouvelle strophe. Elles l’ont fait sans doute, parce qu’elles appréhendaient et partageaient le sentiment suggéré par le texte qui leur a été transmis : le chagrin d’amour. Ceci est d’autant plus pénible pour l’un de ces co-auteurs anonymes qu’il s’agit d’un amour perdu :

Mon amour qui était à moi seul
Entièrement dans mes bras

Pénible pour un autre, parce que sa bien-aimée se dérobe devant ses avances :

Flap-flap le papillon bat des ailes
Et toi, tu hoches la tête

L’amant malheureux souffre de la frustration au point d’avoir l’impression qu’il va bientôt en mourir :

Tu me tues
Et tu fais semblant de l’ignorer

Il est aussi jaloux des couples qui ont l’air heureux et vont jusqu’à les maudire :

Comme ils sont tendres l’un à l’égard de l’autre
Mais une fois séparés
Ils regretteront de l’avoir été

Les paroliers multiples de « Nanbongga » n’étaient certainement pas exclusivement de sexe masculin. En effet, ce passage est difficilement attribuable à un homme :

Sans oser te retenir
Je ne fais que tenir de toutes mes forces
Une branche de saule pleureur

Quant à une variante de « Nanbongga », elle confirme que le beau sexe a également contribué à cette œuvre collective :

Il a regagné la mer à temps
Moi, je pense à lui tout le temps

Elle est obsédée par l’image de son bien-aimé. Elle a beau chercher à s’en débarrasser. Elle n’a qu’à se soumettre à sa passion.

Hommes et femmes désespérés, frustrés, jaloux ou obsédés... Dans « Nanbongga » qui est une chanson déréglée, grouillent les gens qui sont à deux pas de la folie. Lequel d’entre eux aurait inventé cette strophe scandaleuse ?

Une jeune fille va se marier
Un jeune garçon, son voisin, va se pendre
Tout ça pour le gaspillage de la corde

Liste des mélodies de la semaine
1. « Nanbongga » interprété par Akdangwangchil.
2. « Nanbongga » en version de yeonpyeong interprété par Go Geum-seong et Kim Bo-yeon.
3. « Nouveau Nanbongga » chanté par Kim Ju-hong.

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