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La véritable paix
Jeté dans ce monde éprouvant
Quel est mon espoir ?
Richesse, noblesse ou gloire ?
Tout cela n’est qu’un rêve dans un rêve

Il s’agit d’un chant populaire très répandu dans la Corée sous l’occupation japonaise, plus précisément depuis l’échec du mouvement du 1er mars 1919, une manifestation d’envergure nationale dirigée contre l’occupant. Œuvre anonyme sans titre, cette chanson traduit le désespoir du peuple d’un pays ayant perdu sa souveraineté. En fait, au moment où elle a commencé à se répandre, à savoir plus de 10 ans après l’annexion du pays du Matin clair par le Japon, peu de Coréens, il faut bien le dire, gardaient encore espoir pour l’indépendance de leur nation.

Comment se consoler de ce sort affligeant ? D’après ce que suggère notre chanson, il s’agit de tourner en dérision tout ce à quoi on s’attache, de se convaincre que le monde n’est qu’une illusion, une apparence d’autant plus fausse qu’elle est engendrée par une autre, « un rêve dans un rêve ». D’une certaine manière, cela se rapproche de ce qu’enseigne le christianisme. D’ailleurs, la mélodie de ce chant a été empruntée à un cantique chrétien.

En traversant une période difficile, voire même désespérante, certains font appel à une religion ; d’autres, à une sagesse :

A quoi bon s’énerver
A quoi bon se tracasser
Même au milieu des épreuves
Jouir de ce dont nous pouvons jouir

Il s’agit d’un chant qui a été très populaire pendant une autre période noire de l’histoire du pays du Matin clair : la guerre de Corée de 1950-1953. Il s’adressait en particulier aux nombreux réfugiés à Busan, la ville où siégeait le gouvernement sud-coréen ayant quitté Séoul face à la poussée foudroyante de l’armée nord-coréenne. Beaucoup de ces victimes de guerre vivaient au jour le jour, sans abri ou installés dans une baraque. Une vie d’enfer, d’autant plus qu’ils ne voyaient pas le bout du tunnel.

Le texte de cette chanson rappelle la sagesse stoïcienne : « Acceptons ce sur quoi nous ne pouvons pas agir ; agissons là où nous pouvons agir. » En faisant sien cet adage, chacun pourrait trouver la paix de son l’âme. Notre chanson porte effectivement comme titre « Taepyeongga », « Chant de la grande paix ».

Notons que dans le répertoire du gukak, il existe de nombreux morceaux portant le même titre. Et d’une manière ou d’une autre, ils prônent tous la paix intérieure, la véritable paix, d’autant qu’elle est indépendante des circonstances, celle à laquelle chacun peut accéder avec un peu d’effort pour être sage.

La grande paix évoquée par un autre « Taepyeongag », est associée au règne de deux empereurs chinois mythiques : Yao et Shun. Ce n’est pas parce que c’était une période de grande prospérité, mais celle pendant laquelle chaque chose était à sa place :

Le soleil pendant la journée, la lune pendant la nuit
Le ciel en haut, la terre en bas

Chacun était aussi à sa place :

L’empereur régnait
Le peuple obéissait

C’était un monde ordonné et harmonieux, le « cosmos » dans la philosophie grecque de l’Antiquité. Cet ordre cosmique est assuré quand chacun se connaît soi-même, à savoir quand il admet ce qu’il vaut, sans être orgueilleux. Quand l’empereur Yao a compris que le mandat céleste, « tianming » touchait à sa fin, il s’est retiré en laissant son trône, non pas à son fils, mais à Shun, celui qui était le plus sage, pour que la paix continue à régner.

Liste des mélodies de la semaine
1. « Jeté dans ce monde éprouvant... » interprété par Yi Jung-pyeo.
2. «Taepyeongga » chanté par Gu Min-ji.
3. «A Prayer (For Souls)  » chanté par Kim Yul-hee.

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