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Jongmyo
Cet édifice immense construit en 1394 en plein cœur de Séoul pouvait s’agrandir infiniment, tant que la dynastie Joseon perdurait. Il s’agit du Jongmyo, un sanctuaire confucéen consacré aux rois et reines de la dernière monarchie coréenne. Ses extensions ont effectivement continué tout au long de la période de Joseon, car à chaque fois qu’un souverain ou son épouse décédait, il fallait y aménager un nouvel espace pour garder son « wipae», une tablette ancestrale.

En fait, le Jongmyo, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, est avant tout un édifice qui symbolise le culte des ancêtres, une pratique particulièrement prônée par le confucianisme, la doctrine d’Etat de Joseon. La famille royale s’y rendait régulièrement pour célébrer des cérémonies d’offrandes. Le rituel se déroulait conformément au protocole confucéen, dans une ambiance on ne peut plus solennelle. A l’occasion, se jouait une musique rituelle, « Jongmyo jeryeak », inscrite, quant à elle, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Le culte des ancêtres est en quelque sorte une communion entre les vivants et les morts. La partie chantée de « Jongmyo jeryeak » exprime effectivement la reconnaissance des membres de la famille royale à l’égard de leurs illustres aïeux :

Que nos ancêtres soient loués
Ils ont ouvert la destinée d’un Etat splendide
Ils ont régné avec sagesse
Nous nous engageons à suivre leurs traces
Que ce chant en soit témoin

La musique rituelle comportant ce chant est postérieure à la consécration du Jongmyo. En fait, alors que la cérémonie existait depuis le début de la fondation de Joseon, une musique d’origine chinoise se jouait à l’occasion, ce sur quoi Sejong le grand, le quatrième monarque, s’est interrogé en ces termes : « De leur vivant, nos ancêtres avaient l’habitude d’écouter de la musique de leur pays. Pourquoi jouer une mélodie étrangère devant leur autel ? » Il avait tout à fait raison.

C’est sous le règne de son fils, Sejo, que son souhait s’est réalisé. Une nouvelle musique rituelle à l’échelle coréenne fut créée pour remplacer celle d’origine chinoise. La naissance de « Jongmyo jeryeak » doit donc beaucoup à Sejong le grand, le monarque éclairé et inventeur du « hangeul », l’alphabet coréen. Un indépendantiste, d’une certaine manière, qui cherchait à libérer son pays de l’influence culturelle, sinon politique, de l’empire du Milieu. 

« Jongmyo jeryeak » est constitué de pièces de musique de couleur sensiblement différente. Chacune est destinée à accompagner une étape précise du déroulement de la cérémonie d’offrandes. Grâce aux éléments musicaux et à la composition des instruments de musique qui varie selon les parties, cette œuvre est richissime. Cela explique l’intérêt que lui portent les jeunes musiciens. Nombreux sont parmi eux ceux qui s’inspirent librement d’un de ses morceaux, sans s’intéresser pour autant au rituel qu’il accompagnait. En fait, le culte des ancêtres ne joue plus un rôle si important chez nos contemporains sud-coréens. Demandez-leur par exemple combien de fois on offre à boire dans une cérémonie d’offrandes aux ancêtres. Beaucoup d’entre eux ignorent sans doute que la réponse est trois. Et quand on pense que lors du rituel qui se déroulait au Jongmyo, l’offrande de chaque verre était accompagnée d’une pièce de musique différente !

Liste des mélodies de la semaine
1.« Hemun » interprété par l’orchestre de l’Institut national de gukak.
2.« Jinchan » interprété par Haepari.
3.« Somu » interprété par Sangjaru.

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