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Cinéma & dramas

«The Roundup : No Way Out » ou sauve qui peut

2023-06-21

Séoul au jour le jour


On ne l'attendait plus, mais voilà qu'il revient un peu comme la saison des pluies et les moustiques : « The Roundup : No Way Out » signé par Lee Sang-yong et avec surtout la vedette Ma Dong-seok sont de retour pour un troisième volet final ? Ce n'est pas certain tellement ce que les Américains appellent les "franchises" semblent fonctionner au box-office ces derniers temps. Jetons un oeil sur les exploits du super-flic Ma et sur ce phénomène de franchises.



* L'avenir dans la drogue

Le thème de ce troisième volet de la série est la lutte contre le trafic de drogue. Ce thème est de plus en plus présent dans les médias en Corée du Sud. Le milieu du cinéma, comme souvent, est la face apparente de l'iceberg. Ainsi plusieurs scandales ont touché des acteurs comme Ha Jung-woo ou tout récemment le jeune Yoo Ah-in, qui après « Burning » et « Seoul Vibes » représentait la jeunesse du pays. C'est donc au commerce illégal de stupéfiants que va se confronter Ma Dong-seok, flic de choc aux manières brutales mais non sans humour. Sept ans après ses exploits au Vietnam (en fait, le numéro deux de la série est sorti l'année dernière), il rejoint une équipe locale qui enquête sur un meurtre. Un suspect est vite identifié : Riki alias l'acteur Muneta Aoki qui interprète ce terrible yakuza. Mais les choses de gâtent : un flic corrompu est aussi dans le coup (interprété par Lee Joon-hyuk), enfer et damnation !  Au fil d'une brillante enquête, il s'avère qu'une nouvelle drogue a été concoctée, et nommée "Hiper", se répand dans les clubs de Séoul. Ce qui donne l'occasion de quelques scènes quasi documentaires sur la vie nocturne locale, mais aussi à une enfilade de scènes de bastons qu'affectionnent le patibulaire Ma Dong-seok.  



* Type d'humour coup de poing

Il est évident que Ma peaufine ici, autour de son personnage, un style qu'on pourrait appeler "l'humour coup de poing". En effet, l'histoire n'a que très peu d'intérêt sans les moments où il tabasse tout ce qui bouge. Et près de la moitié du film se passe en tabassages de toutes sortes - le reste est d'ailleurs négligeable et négligé par un réalisateur clairement épris de jeux vidéos. L’acteur américain d’origine coréenne qui a déjà joué les super-héros à Hollywood, serait-il le nouveau Bruce Willis ou le nouveau Vince Diesel du cinéma sud-coréen ? Comme un Clint Eastwood version années Reagan et Bush, il incarne la justice expéditive, le flic qui ne respecte pas la loi, le combinard manichéen et individualiste. Si cela semble probable dans une optique liée au cinéma occidental, cela ne l'est pas dans le cadre du cinéma de Corée du Sud. 


Certes, on a déjà vu des flics bas de plafond ou corrompus comme chez Bong Joon-ho pour « Memories of Murder » ou « Mother » et chez Kim Sang-su pour son excellent « Asura » ; ailleurs des flics "borderline" sont apparus comme chez Kim Jee-woon avec Lee Byun-hun dans « I Saw the devil », mais nous avons ici quelque chose de plus officiel, un vrai personnage de héros débarrassé des précautions oratoires des films se voulant réalistes (comme ceux de Bong). Le personnage de Ma est un leader qui s'érige en modèle comme rarement on en voit dans le cinéma local. Sur quoi repose son personnage ? 


D'abord, une morale simple divisant ce qui lui plaît et ce qui ne lui plaît pas, traduire les Bons et les Méchants ; puis, le coup de poing, c'est-à-dire la force et la violence. Une violence qui touche à l'hystérie - plusieurs scènes montrent son personnage devenu hors de contrôle comme lorsqu'il ne parvient pas à ouvrir un coffre fort et le défonce à bout de bras. En fait, l'irréalisme de sa violence exprime la force de la volonté psychologique. C'est en cela qu'il est séduisant pour les adolescents qui forment son public. Alors qu'ils sont privés de possibilités de concrétiser leur volonté dans la réalité, ils admirent un personnage qui passe son temps à imprimer sa volonté sur le monde et les autres. De plus, Ma ajoute une pincée d'humour. Déjà, l'irréalisme et l'hystérie de son personnage amènent du comique (c'est-à-dire, une peur distanciée), mais un choix de situations et un jeu d'expressions autant faciales que verbales permet de relativiser la violence étaler durant presque 90 minutes non stop .



* Les franchises à l'attaque

Enfin, il convient de dire un mot de ces fameuses franchises. Le cinéma de Corée du Sud en connaît déjà certaines : « Along With the Gods », par exemple, ou « Public Enemy », mais le cinéma d'horreur les avait devancé avec « Horror Stories » ou les « Whispering Corridors ». L'effet des séries des plateformes de streaming contamine le cinéma, même si le cinéma connaît cela depuis ses débuts. Le jeune public a besoin de retrouver ses héros, c'est plus confortable avant d'aller dormir. 


Surtout, ces franchises se distinguent des séries de films d'horreur par le budget. Ce sont de grosses productions comme les Matrix, les Marvels ou les John Wick et autres Top Gun. Cela veut donc dire : grosses dépenses de marketing. Le concept de franchise vient du bizness en général, il permet un marketing ciblé et concentré sur des signes aisément reconnaissables par le public ; inutile de repartir à zéro à chaque fois. C'est donc économique tout en rapportant gros. Et c'est malheureusement, la seule recette que les producteurs ont trouvé pour ramener un peu de public en salle. 

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