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Cinéma & dramas

Oksu Station Ghost : vivement la SNCF !

2023-07-05

Séoul au jour le jour


La saison estivale en Corée du Sud est propice aux films de genre, notamment, les films d'horreur. C'est donc le tour de « Oksu Station Ghost » signé Jeong Yong-ki de tenter sa chance. Le film est adapté comme très souvent d'un webtoon de Ho Rang et du scénariste japonais Hiroshi Takahashi ; webtoon que l'on dit « à succès » comme d'habitude. Après la gare de Busan et la station de Séoul, voici celle d'Oksu. Décidément, les transports en commun n'inspirent pas que du bonheur mais plutôt la résurgence de culpabilités profondément enfouies.


* Métro-boulot-bobos
Non, c'est définitif, la vie dans les transports en commun sud-coréens n'est pas de tout repos. On est loin du célèbre « métro-boulot-dodo », vieil adage français bien connu. Stations de train ou de métro, zombies ou fantômes, tout peut arriver en Corée du Sud quand on délaisse sa voiture ou sa bicyclette. C'est ce qui arrive à nos héros de la station Oksu à Séoul. Cela commence par une femme qui a l'air bien pompette et qui titube sur les quais du métro – on pense directement à l'excellente Rosamund Pike dans le clip des Massive Attack « Voodoo in My blood » qui lui-même vient de l'indépassable scène de « Possession » de Zulawski quand Isabelle Adjani se contorsionne, hystérique. L'actrice Shin So-yul qui interprète la femme de la station Oksu est plus proche, dans le style, de Rosamund la danseuse que d'Adjani la diablesse.

Bref, retour et flash-back sur une journaliste (jouée par Kim Bo-ra) qui cherche un scoop et qui est fascinée par la série de morts constatée à la station Oksu. Son pote joué par Kim Jae-hyeon du groupe N.Flying, bosse dans cette station de métro, c'est un coup de veine. Il lui parle d'apparitions, elle a des visions d'enfants. Puis vient l'histoire d'un puits recouvert par la construction de la station. On retrouve ici l'inspiration du célèbre scénariste japonais de « The Ring » Hiroshi Takahashi et de son puits télékinésique.


* Histoire de station
La station Oksu est à Séoul, mais les habitués noterons très vite que le numéro du train est celui de Busan, ligne 1, car c'est là que le film a été tourné faute de pouvoir utiliser les stations séoulites. La ville n'a pas la chance comme à Paris d'avoir des stations réservées aux tournages de films. Ce qui est plus étrange est de voir mentionner la direction de Gupabal, au nord de la capitale, alors que cette ligne ne semble par y mener. Peut-être est-ce une autre entourloupe du train fantôme?  

Toutefois, l'histoire basée sur un webtoon, est inspirée de faits bien réels. La station Oksu a toujours eu des difficultés car elle est placée sur une courbe. Cela provoque des écarts un peu partout dans le train et les wagons. Notamment, un écart important apparaissait entre les rails et les quais, et de nombreux accidents se sont produits, avec fractures de la cheville, entre autres. Des travaux ont amélioré les choses en 2001. Le film « Tube » en 2003 avait déjà fait imaginairement exploser cette station.


* Ressentiment et femmes
Disons-le d'emblée : pour ceux qui ont déjà vu des films de fantômes féminins nippon ou sud-coréens, il n'y aura rien de nouveau à voir à la station Oksu. Le scénariste de « The Ring » n'aura fait qu'ajouter son fameux puits et le réalisateur de ramener un peu plus de monde et de violence comparé au webtoon d'origine. Ce dernier a eu la particularité d'utiliser une animation, notamment pour faire sortir tout d'un coup du téléphone portable des lecteurs une main venu des rails eux-mêmes. Les têtes qui se retournent à 180 degrés viennent, elles, directement du célèbre « Exorciste » de William Friedkin de 1973. Le réalisateur a avancé que l'usage de lumières naturelles et de caméras portées étaient moins un effet de style choisi qu'un problème de pandémie au moment du tournage du film. On veut bien le croire. 

Le seul accroc au genre du film de fantôme féminin vient de la mort qui touche seulement des hommes. On veut bien, mais cela ne change pas vraiment les données de base du genre. Le ressentiment des femmes est la source de la « fantomisation » et des esprits frappeurs. Le puits reste cependant une métaphore plus générale : les femmes sont renvoyées dans les fonds de basses fosses de la société, injustement ou pas. Le film oubli l'aspect sexuel qui va avec : la culpabilisation de l'affect sexuel des femmes fait, en effet, parti du lot. Ici, on se contente de surgissements ; la fameuse surprise qui est l'un des trois éléments de l'horreur avec le dégoût de l'informe et la symbolisation de la douleur. Un sur trois, c'est peut-être la note de ce film qui a tout de même le mérite de nous faire voyager de Busan à Oksu sans passer par la case départ.

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