Song Kang-ho est probablement l'acteur le plus régulier du cinéma sud-coréen quant à la qualité de ses films. Il a joué dans la plupart des films d'auteurs du cinéma du pays du Matin clair. Fidèle à lui-même, il est actuellement en « guest star » sur le film « Le Transperceneige » de Bong Joon-ho. Nous allons retracer sa carrière et son style.

*Des débuts sous le signe des auteurs

Song Kang-ho a commencé avec les auteurs du cinéma les plus notoires en Corée du Sud. Son premier film n'est autre que « Le jour où le cochon est tombé dans le puits » de Hong Sang-soo. Hong commençait alors la carrière internationale qu'on connaît aujourd’hui. L'année suivante, en 1997, Song joue dans « Green Fish » qui est aussi le premier film de Lee Chang-dong. Dans les mois qui suivirent, Lee devait devenir le réalisateur sud-coréen le plus en vu dans les festivals internationaux. Enfin, Song tourne dans « Bad Movie » du chef de file du cinéma indépendant d'alors : Jang Sun-woo. Film provocateur qui allait faire le tour du monde.

*Entre deux générations

Song Kang-ho se trouve en fait entre deux générations d'auteurs : Lee Chang-dong et Jang Sun-woo, les réalisateurs de ses débuts, appartiennent à l'époque de la démocratisation. Song en gardera un jeu réaliste, teinté d'une vision sociale. Il incarnera souvent l'homme lambda pris dans les filets d'un système qui le dépasse. Mais il a joué aussi avec la nouvelle génération d'auteurs : citons Bong Joon-ho, dont il est l'acteur fétiche, dans « Souvenirs de meurtres», « The Host » et dernièrement «Le Transperceneige ». Mais aussi Park Chan-wook pour « JSA » et « Sympathy for Mr. Vengeance » ou encore Kim Jee-woon pour « The Quiet Family » et « The Foul King ».

*Un style 

Qu'il soit un « monsieur tout le monde » comme dans « Secret Sunshine » de Lee Chang-dong ou un gangster comme dans « The Show must go on » de Han Jae-rim, Song conserve un style qui lui est propre. Sa stature massive – qu'il n’hésite pas à affiner, par exemple, pour son rôle de vampire dans « Thirst » de Park Chan-wook – lui donne un air poupin qui le pousse facilement vers la comédie. Et son caractère comique est capable de se manifester dans des films pourtant complètement tragiques comme « Secret Sunshine » ou « JSA ». Ce potentiel rare parmi les acteurs de la péninsule, de passer naturellement de rire aux larmes est la force de l'acteur.

*Raisons d'un parcours hors du commun

La qualité d'acteur de Song a perduré pour plusieurs raisons : d'abord grâce à un choix de films très souvent pertinent et fidèle à ses premiers rôles dans le cinéma d'auteurs. Les auteurs comme Park Chan-wook, Bong Joon-ho, Kim Jee-woon ou Lee Chang-dong ont régulièrement utilisé les services de Song, voire ont écrit leurs films en pensant à lui comme personnage. Ensuite, Song est encore capable de jouer des seconds rôles malgré sa notoriété. Dans « Secret Sunshine », par exemple, ou dans « Le Bon, la Brute et le Cinglé ». Enfin, Song n'a pas eu peur de choisir des rôles non consensuels : c'est le cas de « President's Barber » de Im Chan-sang, où il joue le barbier des dictateurs, dans « Thirst » où il joue un prêtre-vampire assoiffé de sang ou dans « Le Transperceneige » où il joue le second couteau paumé d'un chef révolutionnaire.

*La tentation de la facilité

Malgré l'exceptionnel parcours de Song Kang-ho, ses dernières années ont été marquées par des films de seconds ordres comme « Secret Reunion », « Hindsight », « Howling » ou « Daytrip ». Des films dans lesquels Song Kang-ho refaisait du Song Kang-ho sans se remettre en question. Et où il tentait vainement de se faire une image plus romantique qu'à l'accoutumé. Son retour dans le cadre d'un véritable film d'auteur comme celui de Bong Joon-ho devrait le remettre sur la voie qui a été la sienne jusqu'à présent.