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Sorties prévues pour 2014

2014-01-15

Séoul au jour le jour

114 780 000, c’est le nombre de spectateurs qui se sont déplacés dans les salles obscures sud-coréennes en 2013 pour voir un film « made in Korea ». C’est du jamais vu dans l’histoire du 7e art sud-coréen.


Ce nouvel âge d’or du cinéma de la péninsule ne s’explique pas seulement par les jackpots de films comme « Le miracle dans la cellule numéro 7 » de Lee Hwan-kyung ou « Le Transperceneige » de Bong Joon-ho, deux œuvres créditées d'environ 10 millions d'entrées, mais surtout par une dizaine de films au succès relativement « moyen » avec environ 5 millions d'entrée.


Ces chiffres feraient rêver les producteurs français si le marché sud-coréen n'était pas réduit qu'à une soixantaine de films par an alors que les spectateurs français ont le loisir de choisir, chaque année, entre plus de 250 films produits par le pays de Rousseau sans compter les 400 films étrangers qui leur sont aussi présentés (pour une petite centaine sur la péninsule). Qu'en sera-t-il pour 2014 ?


*De bons chiffres annoncent des chiffres meilleurs

Les bons chiffres du cinéma sud-coréen de 2013 annoncent de meilleurs chiffres encore pour 2014. Le célèbre effet boule-de-neige des investissements capitalistes qui régissent le cinéma devrait s'enclencher si rien ne s'y oppose. La règle tacite du jackpot par trimestre (plus de 10 millions d'entrées sur un film consensuel) pour chacune des holdings de distributions (Lotte, Showbox, CJ et NEW) semble désormais caduque. Seuls trois films ont atteint ou presque atteint la barre des 10 millions d'entrée laissant la place à une dizaine de films qui ont – souvent de manière inattendue – atteint la barre des 5 millions.


On peut parier que les producteurs-distributeurs sud-coréens vont développer ce nouveau créneau pour 2014. Et, par conséquent, augmenter le nombre de films produits dans l'année. Le cinéma sud-coréen pourrait revenir ainsi au niveau de production qui était le sien dans les années 1990, avec 100 films par an, mais cette fois avec plus de diversité et des recettes mieux partagées. La répartition des entrées de 2013 a montré que c'était le désir du jeune public du pays du Matin clair.


*Des attentes qui se font attendre

La nouvelle répartition des cartes des entrées a probablement due bouleverser les programmes des gros distributeurs pour 2014. Comment, par exemple, reproduire le succès d'un film comme « The Attorney » qui a atteint par surprise un cumul de 9 millions d'entrées avec un sujet pourtant politique et plutôt non consensuel ?


Un autre exemple des dilemmes qui se présentent aux leaders du marché : comment reproduire le succès d'un film comme « Le Transperceneige » de Bong Joon-ho. Un film qui a presque atteint les 10 millions d'entrées localement et qui est en passe d'en engranger autant au niveau international ? Un film préparé pendant sept ans et co-produit par des étrangers ? Les schémas gagnants de 2013 ont souvent été des anti-prototypes, difficiles à imiter. C'est encore le cas, par exemple, pour la comédie « Miracle dans la Cellule 7 » qui a surpris en restant à l'affiche plusieurs mois et en engrangeant 12 millions d'entrées.


Dans ce contexte d'intense cogitation, les films qui risquent une sortie en janvier 2014 – mois qui rappelons-le est un mois charnière entre le Nouvel an chrétien et le Nouvel an asiatique – partent à l'aventure avec un soutien minimal des distributeurs.


*Des changements au niveau structurel

La nouvelle donne du marché des spectateurs pourrait faire de 2014 l'année de changements structurels au niveau des institutions du cinéma. Le Kofic d'abord, l’équivalent du CNC français, s'était replié ces dernières années sur un rôle purement de promoteurs commercial. La nouvelle diversité du cinéma péninsulaire et les succès constant à l'étranger pourrait pousser le gouvernement à refaire du Kofic une institution culturelle ouverte à l'étude du cinéma local et à l'ouverture vers l'international.


Du côté des festivals, 2013 comme 2012 a scellé le sort tragique de nombreux petits festivals et réorienté vers le tout venant commercial la plupart de ceux qui subsistent difficilement. Seul le BIFF, festival de Busan a continué son chemin cahin-caha, grâce aux soutiens chinois et japonais. L'année 2014 et la nouvelle diversité des films sud-coréens, pourraient voir le BIFF se tourner plus clairement vers le cinéma local et donner ainsi, paradoxalement en apparence, un vrai festival international au pays.


*Films d'auteurs

L'année 2014, qui sera celle du cheval en Asie, devrait pourtant voir le ralentissement des productions liées à des auteurs reconnus internationalement tels que Hong Sang-soo, Lee Chang-dong ou encore Im Sang-soo. Non pas que leur heure aie sonné et qu'ils n'aient plus rien à dire, mais ces dernières années ont vu leurs films presque exclusivement soutenus par des productions étrangères. Ces dernières oeuvrant sur un calendrier plus long que celui pratiqué en Corée du Sud (1 film tous les trois ou quatre ans contre 1 film tous les deux ans) il faut s'attendre à un affaiblissement de leur présence pourtant essentielle au niveau mondiale. Certains comme Kim Ki-duk et Lee Chang-dong ont déjà abordé le virage de la production en faveur d'auteurs en herbe qui leurs sont proches. Une nouvelle vague ? L'avenir nous le dira.

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