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Histoire

Choi Seung-hee, danseuse vedette du début du 20ème siècle

2011-04-28

<b>Choi Seung-hee</b>, danseuse vedette du début du 20ème siècle
Première star « hallyu » (de la vague coréenne) du 20ème siècle

On peut lire, dans un article du quotidien Dong-A Ilbo daté du 7 février 1938, le passage suivant :

« La New York Metropolitan Music Company, qui est la plus prestigieuse compagnie de danse au monde, a signé son premier contrat avec une danseuse asiatique. Mlle Choi devrait danser le seungmu (une danse bouddhiste) ainsi que d’autres danses traditionnelles de Corée au New York Metropolitan Opera House, véritable mecque de la scène internationale pour la danse. »

Choi Seung-hee a été la première danseuse coréenne à se produire à l’étranger. A cette époque, les danseuses étaient encore considérées en Corée comme des « gisaengs » (hôtesses/courtisanes) ou des chamanes. Ceux qui la virent danser furent tellement émerveillés qu’elle fut surnommée « la perle de l’Orient » ou encore « l’Isadora Duncan de Corée ». On peut donc la considérer comme la première star « hallyu », du fait qu’elle était comme une ambassadrice de la culture coréenne.

Née pour danser

Née à Séoul le 24 novembre 1911, Choi était une petite fille brillante, qui réussit à terminer l’école primaire en seulement quatre ans, et ce, première de sa classe. Elle bénéficia alors d’une bourse pour étudier au collège féminin de Sookmyung. A l’âge de 16 ans, elle assista à un spectacle de Baku Ishii, pionnier de la danse moderne japonaise, qui la décida à devenir elle-même danseuse. Son grand frère Choi Seung-il, qui travaillait alors pour la radio, était son plus fervent supporter. C’est grâce à lui qu’elle parvint à aller étudier la danse moderne au Japon sous la tutelle d’Ishii.

Intelligente et douée au niveau artistique, Choi devint très vite la danseuse vedette de la compagnie de danse d’Ishii. Elle devint célèbre grâce aux spectacles donnés par la compagnie à Séoul en 1927 et 1928. Elle ouvrit sa propre école de danse à Séoul en 1929 et donna son premier spectacle solo l’année suivante, ce qui donna un coup d’accélérateur à sa carrière.

Puis, l’étude de la danse traditionnelle coréenne sous la direction de Han Seong-jun lui permit de donner forme à son propre style. Même avant que l’idée de « fusion » ne soit née, Choi combinait danse traditionnelle et danse moderne pour créer ses versions uniques du seungmu, de la danse du couteau, de la danse de l’éventail et de la danse du masque. Certains types de danse coréens, qui avaient jadis été relégués aux quartiers populaires et aux quartiers chauds, furent transformés mais tout en gardant leur beauté.

Le monde fasciné par la danse coréenne

Le rêve de Choi était, comme elle le confia au cours d’une interview, de faire vibrer le monde entier au rythme de Joseon. En 1934, elle présenta au Japon un spectacle de danse coréenne modernisée, ce qui lui valut les louanges du Japonais Yasunari Kawabata, auteur du « Pays de la neige » et prix Nobel, selon lequel Joseon devait se féliciter de sa danse et de son amour pour son peuple. Puis, en décembre 1937, elle se rendit à San Francisco pour signer un contrat avec la Metropolitan Music Company l’engageant pour une série de spectacles aux Etats-Unis d’une durée de six mois.

La silhouette élancée et les yeux pétillants, Choi fascina l’Amérique par sa sensualité et sa grâce. Même Charlie Chaplin, le légendaire acteur, aurait été l’un de ses fans. Après l’Amérique, elle s’aventura en Europe. Elle présenta la danse « choripdong » qui suscita à Paris un réel engouement pour les chapeaux portés au cours du spectacle, des petits chapeaux habituellement portés par les adolescents coréens avant le mariage. De nombreux artistes renommés faisaient partie de ses adulateurs, comme Picasso, Matisse et Rolland. A la fin des années 1930, Choi donna environ 150 représentations en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et en Amérique centrale, ce qui fit d’elle une artiste respectée dans le monde entier. Or son nom fut interdit en Corée pendant très longtemps.

Une artiste à redécouvrir

A cause de sa célébrité, Choi a été obligée par l’occupant japonais de danser pour les soldats japonais. Cela lui valut d’être considérée comme une traîtresse au moment de l’indépendance. Elle décida de s’installer en Corée du Nord avec son mari, un militant socialiste. Son mari fut exécuté par le régime nord-coréen en 1958, et on raconte qu’elle aurait connu la même fin en 1967. L’histoire mouvementée de la Corée a déchiré sa vie et elle fut l’objet aussi bien de critiques que de louanges. On ne peut, en tout cas, contester le fait qu’elle ait été une pionnière de la danse coréenne moderne. Dépassant les frontières de la tradition et de la modernité, de l’Orient et de l’Occident, Choi pouvait danser de manière plus libre que toute autre danseuse. Son œuvre mérite donc d’être revisitée.

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