Aller au menu Aller à la page
Go Top

Histoire

Paju

2011-03-01

A une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Séoul, près de la frontière entre les deux Corées, se trouve une ville au nom de Paju. Son nom comme beaucoup d’autres noms de lieu en Corée est en caractères chinois. Mais sa signification échapperait même à ceux qui sont éclairés sur cet idéogramme.

Le « pa » signifie la « montagne », le « col » ou encore la « digue » ; le « ju », le « village » ou le « pays ». Paju est-elle une ville montagneuse ? Pas du tout. C’est au contraire une région relativement plate. En ce qui concerne le « pa » comme « digue », c’est seulement dans la seconde moitié du 20ème siècle que la rivière Imjin, qui baigne le nord et l’ouest de cette ville, a été endiguée, alors que celle-ci s’appelle Paju depuis des siècles.

Quel est donc l’origine de ce nom ? Le lieu en question s’appelait Seowon, puis Wonpyeong jusqu’au 15ème siècle, notamment avant que Sejo, le 7ème monarque du Joseon, ne le rebaptise Paju. Paju était la région natale de son épouse, la reine Jeonghwa née Yun. Sachez qu’il y a des Yun de différentes lignées selon les lieux de naissance de leurs premiers ancêtres. La reine Jeonghwa était une Yun de Papyeong. Son époux, le roi Sejo donc, en a pris le « pa » pour baptiser le pays natal de la reine Paju comme s’il s’agissait du pays ou du fief des Yun de Papyeong. Il a fait tout cela par reconnaissance de ce qu’il devait à sa femme pour avoir pu monter sur le trône. Qu’est-ce qu’elle a fait plus exactement ?

Le prince Suyang, futur Sejo, s’est emparé de la couronne du Joseon par un coup de force. Plusieurs officiers de l’armée de rang se sont ralliés à son coup d’Etat avec leurs soldats. Cela dit, le prince possédait sa propre force armée, une troupe de quelque cinquante hommes qu’il entretenait secrètement depuis qu’il avait fomenté le putsch. Ils étaient peu nombreux, mais étaient prêts à mourir pour leur maître. En effet, ils allaient être les plus vaillants parmi les rebelles. Pour éviter les soupçons, le prince les faisait passer pour de simples domestiques de sa maison. Or, à l’époque du Joseon, dans une famille de noblesse, c’était la maîtresse de la maison qui réglait toutes les affaires domestiques. C’était donc Mme Yun qui s’occupait de ces précieux hommes de son mari, notamment pour les nourrir et les vêtir. Notez aussi que pour couvrir les dépenses, elle a fait appel à sa propre famille, les Yun de papyeong donc. Voilà le rôle qu’une femme a pu jouer dans la préparation d’un coup d’Etat.



Une autre histoire liée à Paju. Elle remonte également à l’époque du Joseon, mais bien après le règne de Sejo, à la fin du 16ème siècle. Le royaume du Joseon est envahi par les Japonais, qui, moins d’un mois après leur débarquement à Busan au sud du pays, sont déjà près de la capitale. Le roi coréen avec son entourage s’enfuit alors vers le nord et se trouve à Paju, au bord de la rivière Imjin. Ils doivent la traverser. Mais la nuit tombée, par temps pluvieux d’ailleurs, la rivière est submergée par l’obscurité. La traversée devient donc dangereuse. Que faire ? On voit alors un pavillon en bois au bord de la rivière. On parle d’y mettre le feu pour éclairer ses alentours. Mais le pavillon s’enflammera-t-il assez longtemps sous la pluie ? On essaie tout de même. Et malgré la pluie, les flammes se font violentes et éclairent les environs comme s’il faisait jour, ce qui permet au roi et son cortège de traverser la rivière.

Ce petit miracle est dû à un homme de cour, Yi Yi, mort quelques années avant l’éclatement de la guerre coréano-japonaise. Ayant pris sa retraite, il venait visiter souvent ce pavillon appelé Hwaseohjeong avec vue sur la rivière. Et il a demandé à ceux qui l’entretenaient de frotter régulièrement son plancher et ses piliers d’huile. Les gens, qui exécutaient ce travail, croyaient qu’il s’agissait d’une sorte de vernissage. Mais c’est justement parce qu’il était imbibé d’huile que ce pavillon a pu s’enflammer si violemment malgré la pluie pour sauver le roi en fuite. Yi Yi prévoyait-il cette fuite ? En tous cas, il a été l’un des rares sujets à mettre son roi en garde contre l’invasion japonaise. Malheureusement son souverain ne l’a pas écouté.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >