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Histoire

Jaekidong

2011-03-15

Jaekidong
Jaekidong est un quartier dans l’est de Séoul. Son nom fait référence à une cérémonie rituelle qui y était célébrée chaque année à l’époque du Joseon, la dernière monarchie coréenne qui a régné de 1392 à 1910.

L’économie du Joseon était basée sur l’agriculture. Dès le début de sa fondation, ce royaume a d’ailleurs affiché sa volonté de promouvoir cette industrie en plaçant les paysans au deuxième rang de la société, juste au-dessous des lettrés confucianistes qui constituaient la classe dirigeante. Et comme une sorte de slogan, il a adopté cette maxime : « Le monde repose sur ses agriculteurs. »

Les monarques du Joseon étaient donc particulièrement préoccupés par la productivité agricole, d’autant que les gens du peuple attribuaient la sécheresse et les inondations, principales causes des mauvaises récoltes, à leur souverain, et au fait qu’il n’était pas digne de sa couronne. Chaque année, au printemps, quand les paysans regagnaient leurs champs et leurs rizières, le roi célébrait alors une cérémonie rituelle dédiée au dieu de l’agriculture Shennong, pour lui demander une bonne récolte. Cette cérémonie se déroulait dans un faubourg à la Porte de l’Est de la capitale, qui, de ce fait, a fini par s’appeler Jaeteo-maeul, puis Jaekidong qui est la transcription de ce nom en caractères chinois. « Jae » veut dire la « cérémonie » ; « ki » comme « teo » signifie le « terrain » ; et enfin « dong » comme « maeul » désigne la « commune » ou le « quartier ».

Voyons comment cette cérémonie se déroulait. Mais avant, une précision concernant la divinité à laquelle elle était dédiée. Shennong, Sunnong en coréen, est un héros civilisateur de la mythologie chinoise. On lui attribue l’invention de la culture des céréales et celle de différents instruments agricoles, notamment la houe et l’araire. Son culte en Corée remonte sans doute plus loin que la fondation de la dynastie Joseon. Mais c’est durant le règne de cette dynastie privilégiant l’agriculture que le personnage mythique en question a été le plus vénéré.

Voici le roi qui arrive avec ses ministres sur le lieu de la cérémonie. L’autel est déjà préparé avec comme offrande un bœuf. C’est un sacrifice précieux, car à la campagne, le bœuf est employé à tracter la charrue et à tirer la charrette. L’abattage de cet animal ami des paysans est strictement contrôlé dans le royaume de Joseon.

Le roi brûle un bâton d’encens, puis se prosterne devant l’autel. Il sert ensuite une coupe d’alcool à la divinité Shennong, invisible bien sûr, et se prosterne encore. Pendant qu’il est à genoux devant l’autel, un sujet lit à haute voix une prière s’adressant au dieu de l’agriculture. Il lui demande d’être généreux et bienveillant avec les paysans.

Le roi et sa suite quittent l’autel et se dirigent vers un champ à proximité. Un sujet passe à Sa Majesté une houe. Avec ça, le roi remue la terre. Un geste tout simplement symbolique qui consiste à montrer que paysan est un noble métier dans le royaume de Joseon. En effet, le roi, qui ne houe jamais en dehors d’une pareille occasion, est quelque peu maladroit avec son instrument agricole. Mais cela importe peu. Le personnage le plus honorable du royaume a tenu dans sa main un outil de paysan. Voilà ce qui compte.

Cette cérémonie, qui s’appelle le Shunnongje, finit par un festin. Il s’agit de nourrir une foule, car presque toute la cour royale s’est déplacée pour célébrer le Shunnongje. Pour que tout le monde prenne un repas chaud et abondant, une solution a été trouvée : préparer un bouillon de bœuf dans plusieurs grosses marmites, avec justement l'animal sacrifié au dieu Shennong, et en donner à chacun un bol avec du riz dedans. C’est l’origine d’un plat très populaire en Corée d’aujourd’hui, le seolrungtang, qui s’appelait originellement le shunnongtang, la souple Shennong.

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