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Histoire

Mukyodong

2011-03-22

Situé en plein centre de Séoul, entre la rue Jongro et le Cheongyecheon, un petit cours d’eau récemment réaménagé, Mukyodong était dans le passé un quartier très animé avec de nombreux restaurants et bars à bière. Il y avait aussi un café-concert, un lieu légendaire pour les sud-Coréens qui avaient autour de 20 ans dans les années 1960-1970.
Mais tout d’abord, voici l’origine du nom Mukyodong ou plus exactement Mukyo, car le « dong » désigne tout simplement le « quartier ». Il est dérivé du nom d’un petit pont à proximité, qui enjambait le Cheongyecheon et qui n’existe plus aujourd’hui. Ce pont s’appelait justement Mukyo, le « pont militaire », car il menait directement à un arsenal de l’armée du Joseon, le royaume qui a fait de Séoul sa capitale.
Le pont Mukyo, ainsi que les autres ponts sur le Cheongyecheon, ont disparu au milieu du 20ème siècle, au moment des travaux de bétonnage pour recouvrir cette rivière. Un demi-siècle plus tard, en 2005, ce cours d’eau a été remis à jour. C’était une des œuvres phares du maire de Séoul de l’époque, Lee Myung-bak, l’actuel président de la république. Du coup, on a construit au total 21 ponts sur le Cheongyecheon, des ponts au goût moderne, au niveau de leurs styles aussi bien qu’à celui de leurs noms. Alors que la rivière, qui avait été recouverte, a revu le jour, ses anciens ponts ont donc disparu à jamais. Ce n’est qu’au musée qu’on en trouve quelques pierres qui restaient depuis un demi-siècle sous le macadam et que l’on a découvertes pendant les travaux de remise au jour de la rivière.
Mukyodong est indissociablement lié à un plat : le nalgibokeum, la pieuvre sautée à la sauce de piment. Dans les années 1960-1970, il y avait dans ce quartier de nombreux restaurants spécialisés dans ce plat qu’on mange les larmes aux yeux, la sueur sur le front. C’était surtout les salariés, les employés de bureau dans la rue Jongro, qui fréquentaient ces restaurants. Histoire de se débarrasser du stress de leur journée de travail. En effet, le goût si fort du nakjibokeum aurait pu produire sur eux le même effet qu’un bain au sauna. Mais la consommation de ce plat très épicé, accompagnée le plus souvent d’un verre de soju, leur donne soif. S’il s’agit d’une soirée entre collègues, l’un des convives propose alors : « Allons nous rafraîchir la gorge ». Tout le monde se lève, sort du restaurant et se dirige vers un bar à bière.
Toujours dans les années 1960-1970, les jeunes, notamment les étudiants, venaient à Mukyodong pour un café-concert, dont le nom a sans doute été emprunté au titre d’une chanson d’Yves Montand : C’est si bon. C’était pratiquement le seul music-hall à Séoul, voire dans le pays, où l’on puisse écouter « en live » de la musique pop, alors que le genre musical dominant dans la chanson populaire sud-coréenne était depuis toujours le « trot ». Les jeunes sud-Coréens considéraient ceci comme la « chanson de papa ». Ils réclamaient la leur. Ce à quoi ont répondu les chanteurs, tous inconnus au début, du café-concert C’est si bon. Une chaîne de télévision sud-coréenne a récemment invité sur le plateau de son émission de divertissement quatre chanteurs qui avaient fait leur début dans ce café-concert à Mukyodong, Cho Young-nam, Yun Hyung-ju, Song Chang-shik et Kim Se-hwan, qui étaient très populaires dans les années 70. Ils avaient tous plus de 60 ans. Mais leurs voix et leurs chansons n’avaient pas pris une seule ride. Le succès de cette émission a été tel que la même chaîne de télévision a organisé un concert de ce quatuor avec comme public les nostalgiques du passé, notamment ceux qui fréquentaient le café C’est si bon. Ces derniers auraient bien aimé revoir plus souvent sur scène les idoles de leur jeunesse.



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