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Histoire

Le Tangumdae

2011-04-05

Quand on va à Chungju, une ville située à quelque 150 km au sud de Séoul, on ne devrait pas manquer de visiter le Tangumdae, une falaise d’où on a une très belle vue sur un affluent du fleuve Han. Son nom fait référence à un instrument de musique coréen.

Le fameux site touristique est facile à trouver. Il y a un peu partout dans la ville de Chungju des panneaux qui indiquent son chemin. Le lieu n’est d’ailleurs pas loin du centre ville, à 10 minutes en taxi de la gare. La municipalité a aménagé les environs du Tangumdae en jardin public.

Nous voici sur cette falaise qui donne sur un cours d’eau tranquille avec de petits îlots ça et là. De l’autre côté de la rivière, on voit de basses montagnes à crête douce. Le paysage ressemble aux habitants de la région de Chungcheong du Nord, dont Chungju est la deuxième ville. Ils sont réputés pour leur douceur et leur insouciance. Notez aussi qu’ils sont lents dans presque tout ce qu’ils font. Pour rire, on dit alors que les gens de Chungcheong du Nord et du Sud, ont une facture de téléphone plus lourde que celle des autres Coréens, parce qu’ils sont aussi lents à parler. Ils ont d’ailleurs un accent traînant.

Il y a quelque 1 500 ans, est venu s’installer à Chungju un homme originaire de l’actuelle région de Gyeongsang du Sud. Il s’appelle Wooreuk. C’est un virtuose du gayagum connu dans toute la péninsule coréenne. Pour une raison sur laquelle nous reviendrons tout à l’heure, il a quitté son pays natal, le royaume de Gaya, et a demandé au roi Jinheung du Silla de l’admettre parmi son peuple. Il a donc demandé une sorte de naturalisation. C’est avec plaisir que Jinheung a accueilli ce grand musicien dans son royaume.



Le gayagum est un instrument de musique à cordes. On en joue de façon à pincer ses 12 cordes en fil de soie posées sur une caisse en bois, en paulownia plus exactement, de 160 cm de long et de 35 cm de large. Selon une légende, il a été inventé par un roi de Gaya sur le modèle d’un instrument chinois. D’où son nom Gayagum ; le « gum » désignant un instrument de musique à cordes.

Un virtuose de cet instrument, Wooreuk, était probablement un musicien de la cour royale du Gaya. Certains avancent que c’est lui qui, sur l’ordre de son roi, a inventé le gayagum et a composé les premiers concertos pour cet instrument, avec 12 morceaux au total.

Selon les documents historiques, c’est en 551 que Wooruk s’est installé sur le sol du Silla. Or, un an après, en 552, le royaume de Gaya est annexé au Silla. Wooreuk prévoyait-il la chute du Gaya ? Et est-ce pour éviter le sort de devenir un esclave suite à la colonisation de son pays, qu’il a demandé la nationalité du Silla ? Si c’est le cas, ce grand musicien est un traître pour ses compatriotes.

Pour en revenir au Tangumdae, cette falaise avec une belle vue est susceptible d’inspirer un artiste. Wooreuk y est allé justement et a improvisé un morceau de gayagum. Depuis, ce lieu s’appelle Tangumdae : « tan » signifiant « pincer », « gum » désignant donc un instrument à cordes et « dae », une « falaise ». Wooreuk s’est-il inspiré du beau paysage ou en déplorant la disparition de son pays natal comme le croyaient les gens qui l’écoutaient ? Il est le seul à le savoir. Notez toutefois que le mot « tan » est l’homonyme du « soupir ».

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