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Histoire

Samchungdong

2011-04-12

Situé au pied du mont Bukak, Samchungdong est un quartier très agréable de Séoul. Ses espaces verts et ses ruelles avec des cafés joliment décorés ou des galeries d’art attirent beaucoup de touristes et d’habitant d’autres quartiers de la capitale le week-end et même en semaine.

Le nom Samchung, puisque le « dong » signifie tout simplement le « quartier », est composé de deux caractères chinois : le « sam », « trois », et le « chung » qui veut dire « propre », « clair » ou « pur ». Selon une légende, ce lieu s’appelle ainsi, parce qu’il y a trois choses qu’on peut qualifier de cet adjectif : son espace montagneux, l’eau de ses ruisseaux et le cœur de ses habitants, qui est dû justement à l’environnement naturel de leur quartier. Cela dit, le nom Samchung est dérivé plus probablement de celui d’un temple taoïste qui s’y trouvait dans le passé, le Samchungjeon. Le « chung » désignant le paradis taoïste, ceci pourrait se traduire le « Temple à trois paradis ». En effet, dans le paradis, tout devrait être propre, clair et pur.

Dans les années 1970-1980, à Samchungdong, il existait un célèbre restaurant qui avait emprunté son nom à celui du quartier, Samchunggak ; le « gak » désignant un pavillon et, par extension, un bâtiment. C’était plus exactement un « yojeong », un restaurant de cuisine coréenne très chic et luxueux avec comme serveuse des « kiseng », des « geisha coréennes ». Il y avait à Séoul des dizaines de restaurants de ce type. Mais Samchunggak était le plus réputé en raison de son espace immense, de sa cuisine fine, de ses serveuses aussi belles que discrètes et enfin du genre de clients qui le fréquentaient, des hommes d’affaires, des politiciens et d’autres personnalités notables.



Personnellement, j’ai été une seule fois dans ma vie dans ce fameux restaurant Samchunggak, en tant que traducteur d’un gros client étranger d’une entreprise sud-coréenne. Nous étions trois : le client donc, un directeur de cette entreprise, qui avait comme mission de lui offrir une soirée inoubliable, et moi. Passés par la porte d’entrée de style architectural coréen comme les autres composants du restaurant, nous nous sommes retrouvés dans un immense jardin. On nous a conduits dans un pavillon, un espace rien que pour nous pendant la soirée. Il devait y en avoir d’autres parsemés ça et là dans le jardin. Une serveuse habillée en « hanbok », le costume coréen traditionnel, effectivement belle et discrète, s’occupait de nous pour tout, pour ranger nos manteaux dans une armoire, pour mettre d’une manière habile et délicieuse une portion d’un plat à partager sur nos assiettes individuelles, pour remplir nos verres vides, pour régler la climatisation presque toutes les 10 minutes, pour que nous n’ayons ni chaud, ni froid dans ce pavillon isolé.



Chacun le savait : à l’époque où la Corée du Sud n’était pas encore tout à fait démocratisée, Samchunggak était aussi le lieu où se pratiquait ce qu’on appelait la « politique à huis clos ». Les hommes politiques se donnaient rendez-vous dans un pavillon de ce restaurant pour parler d’une affaire dont ils auraient dû discuter normalement à l’Assemblée nationale. Certains hauts fonctionnaires se voyaient inviter à Samchunggak par de gros industriels. A un moment donné de leur conversation, quand l’un des convives jetait un coup d’œil sur la serveuse qui s’occupait d’eux, celle-ci savait disparaître.

Dès la fin des années 1980, ce berceau de la « politique à huis clos » a eu de moins en moins de clients. C’était en quelque sorte un signe extérieur de la démocratisation du pays. En 1999, Samchunggak, un établissement qui n’était pas tout à fait digne du nom Samchung, et qui, entre temps s’était transformé en restaurant ordinaire avec son nouveau nom Yehang, a finalement fermé ses portes. La municipalité de Séoul a acheté son terrain et ses immeubles et y a aménagé un espace culturel. Pour finir, sachez qu’à Samchungdong, siège un établissement étatique, dont le personnel pourrait se référer à la signification du nom du quartier, propreté, clarté ou pureté donc, pour sa déontologie. Il s’agit de la Cour des comptes.

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