Le 18 avril 1955, un orchestre majestueux accompagné d’une chorale jouait une représentation à la résidence présidentielle qui s’appelait Gyeongmudae à l’époque. Le chef d’orchestre était Ahn Eak-tai, le compositeur de l’hymne national sud-coréen. De retour au pays après une carrière musicale de 25 ans en Europe, il interpréta Korea Fantasy, sa manière de rendre hommage au pays. Cette symphonie apporta réconfort et courage aux sud-Coréens qui éprouvaient de grandes difficultés à se sortir de toutes les destructions causées par la guerre.

Le jour qui suivit le concert, la cour devant Gyeongmudae, qui servait à la fois de bureau et de domicile présidentiel, fut ouverte au public. C’était la première fois que ce lieu était accessible au public depuis l’instauration de la République de Corée. L’endroit était peuplé d’étudiants, de citoyens ordinaires et même de paysans qui avaient fait la route depuis leurs villages isolés pour voir où le président vivait.

Des changements étaient en train de s’opérer dans toute la société sud-coréenne suite à la guerre de Corée. Le peuple avait de plus en plus soif de liberté individuelle et la culture américaine que déversèrent les troupes de militaires américains provoquèrent un bouleversement dans les valeurs traditionnelles.

« La guerre de Corée entraîna un chaos sur le plan social et aussi culturel. La tradition et la nouvelle culture, particulièrement la manière de vivre des Américains, se heurtèrent. Et puis, l’esprit d’individualité et de liberté soutenu par la culture américaine devint populaire parmi les sud-Coréens. Cette introduction d’une autre culture rentrait certes en conflit avec la culture coréenne des années 50, mais, en même temps, de nouvelles valeurs ainsi qu’une autre vision du monde étaient rendues accessibles aux sud-Coréens. »