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Histoire

Le carrefour Samgakji

2010-12-14

Une célèbre chanson populaire des années 60 chante ce lieu : « Sur le giratoire de Samgakji, tombe une pluie persistante... » En effet. Samgakji était dans le passé un carrefour giratoire, qui permettait de choisir entre trois directions : vers la Gare de Séoul, vers le fleuve Han ou vers Itaewon, le quartier de la base militaire américaine. Beaucoup d’habitants de la capitale croient donc que le nom Samgakji fait référence à ce croisement des trois chemins. Le « sam » veut dire en effet « trois » ; le « gak » « l’angle » ; et le « ji », le « lieu ». Mais il s’agit en réalité d’une transcription fantaisiste en idéogrammes chinois d’un ancien nom purement coréen de ce lieu. Et elle est attribuée, comme c’est souvent le cas, à l’administration japonaise qui a gouverné la Corée de 1910 à 1945.

Le carrefour Samgakji n’est pas loin du fleuve Han. A l’époque où celui-ci n’était pas endigué, à chaque fois qu’il débordait, l’eau montait jusqu’à Samgakji. C’était donc un terrain humide où l’on voyait pousser beaucoup de roseaux. Cette plante s’appelle en coréen « oksae ». Et le mot coréen qui désigne un terrain humide est le « pol ». L’ancien nom de Samgakji est justement Saepol, qui faisait référence à une caractéristique géographique du lieu.

Aux oreilles des Japonais qui ont changé beaucoup de noms de lieu de leur colonie, le « sae » avec le son E ouvert se confondait sans doute avec le « se », E fermé, qui signifie, quant à lui, « trois ». Ils l’ont alors transcrit en caractère chinois « sam », « trois » donc. L’autre confusion des sons à leurs oreilles : le « pol » avec le « pul ». Ceci veut dire en coréen la « corne » ou « l’angle » Les Japonais l’ont transcrit en caractère chinois « gak », « l’angle ». Puis, ils n’avaient qu’à ajouter un caractère chinois, le « ji », qui signifie le « terrain » ou le « lieu ». Voilà l’origine du nom Samgakji que beaucoup de Séouliens ignorent.

Le paysage autour de Samgakji a complètement changé depuis l’inauguration de la ligne 4, puis celle de la ligne 5 du métro de la capitale qui, toutes les deux, passent par là, notamment en raison de la construction d’une grande station de métro. La rue, qui mène à la Gare de Séoul, est d’ailleurs élargie, ce qui a nécessité la démolition des petits immeubles qui se trouvaient sur le côté gauche. Dans ces immeubles, étaient installés entre autres commerces beaucoup de magasins d’encadrement. Ils se vantaient de leurs produits pas chers et pourtant de bonne qualité. En effet, les habitants de la capitale allaient souvent à Samgakji pour acheter un cadre.

La plupart de ces commerçants étaient aussi marchands de tableaux, des tableaux sans grande qualité artistique, peints par des artistes inconnus, donc bon marché, qui se vendaient encadrés. Beaucoup de leurs auteurs avaient justement leurs ateliers à Samgakji, dans ces immeubles qui allaient finalement être démolis. Avec l’aménagement du quartier, ces artistes ont eux aussi disparu.

Est-ce qu’il y a une raison particulière pour laquelle on voyait à Samgakji beaucoup de magasins d’encadrement et des artistes inconnus qui travaillaient le plus souvent pour eux ? Oui. Les principaux consommateurs de leurs produits étaient les GI de la base militaire américaine à Itaewon. Les soldats achetaient un cadre pour leurs photos. Quant aux officiers, qui venaient avec leur famille, ils achetaient un tableau encadré pour décorer leur logement dans la caserne.



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