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Histoire

Jeoldusan

2011-01-18

Le « san » dans le nom Jeoldusan veut dire en coréen la « montagne ». Le lieu en question est effectivement une petite colline située sur une pointe de terre s’avançant dans le Han, le fleuve qui traverse Séoul. Cette sorte de cap avec une colline a amené les habitants de Séoul à imaginer un ver à soie. En effet, Jeoldusan s’appelait autrefois Jamdubong, « la tête du ver à soie ». Que veut dire alors son nom actuel, notamment « jeoldu » ? Depuis quand ce lieu s’appelle-t-il ainsi ? Et pourquoi ? Les réponses à toutes ces questions font référence à un événement historique survenu en 1866 en Corée sous le règne de la dynastie Joseon.

Au pied du Jeoldusan, appelé donc alors Jamdubong, était installée une base militaire de la marine de Joseon. Ce 26 septembre 1866, un soldat, qui faisait le guet, aperçoit trois navires étrangers remonter le fleuve Han. C’est la flotte de l’amiral Roze commandant la division navale française des mers de Chine. L’amiral lui-même est à bord de l’un de ces trois navires. Et il est en compagnie d’un prêtre catholique, le père Ridel, l’un des trois missionnaires français qui ont réussi à échapper aux recherches du gouvernement coréen pendant les persécutions des catholiques en mai 1866.

Neuf autres missionnaires de même nationalité sur le sol coréen ont été arrêtés et décapités. Le père Ridel a pu gagner, à bord d‘une jonque, Tchefu dans la province de Sandung en Chine. Là, il a rencontré l’amiral Roze et l’a sollicité pour une expédition punitive en Corée. C’est ce qui explique l’apparition de ces trois navires français sur le fleuve Han. Ils sont venus pour une mission de reconnaissance.

Aucune réaction de la part des forces militaires du Joseon installées autour de Jeoldusan, sans doute parce qu’elles ne sont pas de taille à faire face à cette flotte moderne équipée de canons. Les navires français mouillent un peu plus loin, près de Seogang. Ils font un relevé des défenses de Séoul, puis s’en retournent. La véritable expédition aura lieu en octobre. Les fusiliers marins français débarquent sur l’île de Ganghwa située à l’embouchure du fleuve Han.

En cette année 1866, la Corée du Joseon est sous le règne du roi Gojong intronisé deux ans plus tôt. Comme il est encore mineur, c’est son père Yi Ha-eung, plus connu sous son nom honorifique Taewongun, qui gouverne le pays à sa place. La violation du territoire national par la marine française rend le régent furieux. Il décrète la mobilisation contre ceux qu’il appelle les « yang-i », les « barbares d’Occident ». Et comme les catholiques coréens sont considérés comme les collaborateurs de ces « yang-i », Taewongun, pour montrer sa détermination, ordonne la décapitation publique d’un couple catholique sur un lieu spécialement choisi pour cette exécution.

Ce lieu est justement Jamdubong, Jeoldusan aujourd’hui. Histoire de racheter symboliquement l’impuissance des forces militaires du Joseon qui étaient installées là, face à la flotte de l’amiral Roze. De 1866 à 1872, pendant six ans donc, quelque 2 000 catholiques seront décapités dans cette colline donnant sur le fleuve Han. D’où son nouveau nom Jeoldusan. « jeoldu » veut dire en effet « couper la tête ». Sur ce lieu de persécution, se dressent aujourd’hui une belle église et la statue de Kim Dae-gun, le premier prêtre coréen qui, lui aussi, fut exécuté à Jeoldusan...



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