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Histoire

Janseungbaeki

2011-02-01

Janseungbaeki
Pour se rendre à Jngseungbaeki, il n’y a qu’à prendre la ligne 7 du métro de Séoul et descendre à la station qui porte justement son nom. On prend la sortie n° 6. On est dans le quartier Sangdo de l’arrondissement Dogjak. Mais où est donc alors Jangseungbaeki ? Mais là justement où l’on se trouve, au croisement des trois rues. Jangseungbaeki est en effet un lieu sans étendue déterminée. Ce sont les alentours d’un endroit où étaient plantés autrefois des sortes de totem appelés justement « jangseung ». Quant à « baeki », c’est un dérivé du verbe coréen « bakda » qui veut dire « planter ». Le nom Janseungbaeki signifie donc tout simplement le lieu où sont plantés les jangseung.

Ces totems, des pièces de bois sculptées en figures terrifiantes pour certains, drôles pour d’autres, se trouvaient dans le passé un peu partout en Corée, notamment à l’entrée des villages. Ils étaient censés être des protecteurs contre les mauvais esprits et ils appartenaient donc à la croyance populaire qu’est l’animisme. Ils ont pratiquement tous été détruits sous l’occupation japonaise, au nom de l’abolition de la superstition. Le gouvernement colonial a en réalité mené une sorte de croisade contre une religion traditionnelle coréenne, et ce en faveur du shintoïsme japonais.

Comme on voyait autrefois un peu partout les jangseung, il devait y avoir autant de lieux qui s’appelaient Jangseungbaeki. Il est d’ailleurs possible que « janseungbaeki » ne soit pas un nom propre, mais un nom commun. Cela dit, les jangseung qui se trouvaient sur le lieu en question avaient ceci de particulier : c’était les seuls dans la Corée de la dynastie Joseon à avoir été plantés sur l’ordre du roi.

Jeonjo, le 22ème monarque du Joseon, qui a régné de 1776 à 1800, était l’incarnation de la piété filiale. Il rendait visite régulièrement à la tombe de son père qui se trouvait en dehors de la capitale, à Hwaseong, l’actuelle ville de Suwon. Lors du premier pèlerinage, le roi et son cortège, après la traversée du fleuve Han par un ponton, se sont reposés sur un lieu qu’on allait appeler justement Jangseungbaeki. Ce lieu, qui ne faisait pas partie alors de Séoul, était tellement désert et silencieux qu’il a fait frissonner le roi et son entourage. Il leur paraissait même hanté. Jeongjo a alors ordonné d’y planter des jangseung. Ce lieu s’appellera ainsi Jangseungbaeki.

Les jangseung, qui se trouvaient depuis sur ce lieu de passage du roi Jeongjo, ont été détruits en 1930, sous l’occupation japonaise. L’arrondissement de Dongjak les a reproduits en 1991 et organise depuis une fête annuelle en octobre. Les festivités sont inspirées d’une légende autour de ces totems à Jangseungbaeki. Voici ce que raconte cette légende fixée dans un numéro de pansori, une forme artistique traditionnelle qu’on appelle couramment « l’opéra coréen ».

Le récit chanté met en scène d’abord un couple qui a probablement existé réellement dans le royaume de Joseon et qui a scandalisé la société par son libertinage, voire sa perversité. Le mari s’appelle Byeon Kwangseo, la femme Yongnyeo, un homme et une femme sans aucun scrupule. Un jour d’hiver de grand froid, il n’y a plus de combustible chez eux. Le mari doit alors aller ramasser du bois dans une montagne. Mais il est tellement paresseux qu’il préfère couper des jangseungs, des totems en bois donc, à l’entrée de son village. Voilà un homme pour qui rien n’est sacré. En apprenant ce sacrilège, les jangseung dans toute la Corée sont exaspérés. Ils se réunissent alors à Jangseungbaeki, puisque là se trouvent les patrons des jangseung, les totems qui y ont été plantés sur l’ordre du roi. Et ils discutent de la punition de Byeon Kwangseo et aussi de sa femme, Yongnyeo, qui a commis autant de sacrilège que son mari.

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