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Histoire

Miarikogue

2011-02-08

Il y a à Séoul un lieu dont le nom pourrait être traduit en français « col sans retour ». C’est Miarikogue.

Ce nom Miarikogue est une redondance vicieuse de mots. Le « kogue » veut dire en coréen le « col ». Or, le « a » dans Mia désigne déjà ce type de passage. Quant au « ri » dans Miari, cela veut dire la « commune ». En effet, le quartier où se trouve le col en question, un quartier dans le nord de Séoul, s’appelle Miari. Miarikogue veut dire donc le « col de la commune Mia ». Une fâcheuse redondance, puisque cette commune doit son nom au col qui s’appelle Mia. Elle est due au fait que ce nom comme beaucoup d’autres noms de lieu en Corée est en caractère chinois et que la plupart des sud-Coréens ne le connaissent que dans sa transcription en « hangeul », l’alphabet coréen. Ils ignorent donc que le « a » en idéogramme chinois signifie le « col ».

Autant que le sens du « a » dans Mia, celui de « mi » échappe à la plupart des sud-Coréens. Que veut dire alors ce caractère chinois ? Cela signifie « irrévocable ». On a commencé à appeler le col en question Mia depuis 1930, depuis qu’un grand cimetière communal a été aménagé dans ses alentours. Le cortège funéraire passait par ce col, un passage irrévocable pour le défunt, le « col sans retour ».

Miarikogue ou Mia de son nom authentique, voire originel, était aussi un passage irrévocable pour certaines victimes de la Guerre de Corée. Face aux contre-attaques des troupes des Nations unies, les communistes du Nord, qui occupaient Séoul, se sont retirés vers Pyongyang en passant par le col Mia. Avec eux, de nombreux déportés sud-coréens, des hommes politiques, des intellectuels, des artistes, enfin tous ceux qui représentaient une certaine valeur pour les communistes nord-coréens, ont dû passer ce col. « Les deux mains ligotées avec un fil d’acier », dit une célèbre chanson populaire qui déplore cette scène tragique. Ces déportés ne sont jamais revenus. Leurs familles n’ont même jamais eu de nouvelles d’eux. Miarikogue était donc pour eux un véritable « col sans retour ».

Le nom du col en question n’a donc été inventé que vers 1930, suite à l’aménagement d’un cimetière communal aux alentours. Auparavant, il s’appelait Doeneomi-kogue. « Kogue » comme dans Miarikogue veut dire le « col ». Quant à « doeneomi », cela signifie les « barbares du nord ». A l’époque de la dynastie Joseon, les Coréens appelaient ainsi les Mandchous. En 1636, cette peuplade, qui avait déjà conquis le nord de la Chine et qui allait fonder la nouvelle dynastie chinoise Qing, a envahi la péninsule coréenne. Et c’est justement par le col appelé aujourd’hui Miarikogue que ses troupes sont entrées dans la capitale du Joseon, Séoul donc à l’heure actuelle. Sachez que l’ancien nom de ce col, qui faisait référence à cet événement historique, Doeneomikogue donc, n’a pas complètement disparu. Le nom d’un quartier voisin de Mia garde sa trace : Donam. C’est la déformation de Doeneomi.

Cela dit, les environs de Miarikogue ou de Doeneomikogue ont complètement changé aujourd’hui par rapport aux années 1930 et bien sûr à ce qu’ils auraient été à l’époque du Joseon. Le col en question déjà s’est beaucoup abaissé. Et le cimetière communal a cédé sa place aux grands immeubles modernes. Miari est aujourd’hui un quartier très vivant de Séoul.



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