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Culture

La poésie (5) – Kim Myong-in (3)

2017-04-18

La poésie (5) – Kim Myong-in (3)
« L’Accordéon de la mer et autres poèmes », recueil de poèmes de Kim Myong-in traduit du coréen par Hyunja Kim-Schmidt et Thierry Gillibœuf, paru aux éditions Le temps des cerises en 2003.

* Présentation du poète :
Dans son deuxième recueil Swan au bout du monde publié en 1988, Kim Myong-in change sensiblement de tonalité. La traductrice Hyunja Kim-Schmidt explique : « Si Tongduch’on évoquait l’univers qui s’étendait autour du poète en décrivant les multiples aspects de la vie des gens qui l’entourent, à partir de Swan au bout du monde, Kim Myong-in recentre davantage son œuvre sur lui-même. Durant ce long silence mûri de réflexions sur le statut du moi, sur sa véracité poétique, il semble avoir conçu sa poésie non plus seulement comme ‘la langue de la souffrance’ mais aussi comme celle de ‘la consolation’. Dans la quatrième de couverture du recueil, il avoue son souhait profond de ‘rêver’ désormais face à la réalité. »
Et voici la quatrième de couverture du recueil Swan au bout du monde :

Ma poésie jusqu’à maintenant, était dépourvue de rêves. Des fragments de pensées qui se brisent comme des branches sèches. Désormais, je veux féconder mes rêves tout en résistant à la tension de la réalité. Bien que ma poésie ne puisse être le salut même pour moi, je veux apaiser par elle la douleur de mon existence.

Juste après la parution de Swan au bout du monde, Kim Myong-in part pour les Etats-Unis pour enseigner la littérature coréenne moderne à l’université Brigham Young à Provo en Utah. Durant le séjour d’un an dans cette région rocheuse et désertique, il voyage beaucoup en s’interrogeant sur le sens de la vie. L’éloignement d’avec son milieu habituel sera propice à la création poétique. Hyunja Kim-Schmidt en dit plus : « Un des thèmes les plus caractéristiques de son œuvre, celui du ‘chemin’ se trace et se concrétise véritablement. L’auteur conçoit sa vie comme un itinéraire à parcourir, un temps sur ce chemin comme tout voyageur qui se doit d’accomplir son trajet. Cette image du chemin si récurrente dans ses poèmes en règle souvent le processus structural. Lui qui fut à ses débuts le chantre de la réalité concrète dans un langage si peu abstrait, il invente de recueil en recueil une poésie qui accueille la méditation métaphysique sur notre condition humaine, la conscience de notre destin d’homme solitaire, la quête problématique de la transcendance. »

* Poème

Swan au bout du monde III

Les cantiques se répandaient sur un ton grave, lorsque le froid matinal
du mois d’octobre pénétrait par les fentes des fenêtres
après avoir espéré de meilleurs moments à venir dans le rêve,
je me réveillais sur le plancher en bois glacé

Je voyais en me frottant les yeux à travers les fenêtres gorgées de la lueur du matin
des oiseaux migrateurs qui volaient au-delà de la digue
Le ciel ne faisait que se vider de ses nuages virant au bleu foncé
comme ma faim grandissait sans limites

A cette époque je t’ai rencontré là-bas, Jacob
Avec ton dos difforme ta tête teigneuse
je n’osais presque jamais approcher cet enfant
dont on ne retient même pas le nom

Ces jours qui nous épuisaient tous
et le nid vide des pies toujours situé tout en haut sur la cime
L’hiver était déjà terminé et la neige avait fondu, le printemps était de retour
Alors que les autres partaient un à un vers la terre de Canaan
en ânonnant l’Exode dont ils lisaient tous les matins un passage à tour de rôle
cet enfant resté toujours en arrière
souffrait doucement du paludisme tout l’été
« ne t’endors pas, tu ne dois pas t’endormir », personne à côté de lui ne le réveillait
même si je le secouais, Jacob ne semblait pas pouvoir se réveiller
Toi aussi tu es devenu désormais un souvenir desséché

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