Aller au menu Aller à la page
Go Top

Culture

La poésie (7) – Yi Sang (1)

2017-05-30

La poésie (7) – Yi Sang (1)
Sang traduits, présentés, commentés et annotés par Kim Bona, paru aux éditions William Blake & Co. en 2002.

* Présentation du poète :
Yi Sang, de son vrai nom Kim Hae-gyeong, est un poète et romancier coréen souvent comparé à Rimbaud pour la fulgurance de sa vie et à Kafka pour son extrême lucidité. Il a eu une existence brève et tragique. Il a vu le jour dans une famille appartenant à la bourgeoisie cultivée depuis plusieurs générations, à Séoul en septembre 1910, un mois après l'annexion de force de la Corée par le Japon. Le petit Hae-gyeong, âgé de deux ans, a été recueilli par son oncle Kim Yeon-pil. Sans enfant, il avait déjà adopté un garçon a qui il a donné le nom de Mun-gyeong, né du premier mariage de sa femme. C'est ce lettré ouvert aux réformes de son pays qui enseignait le chinois et travaillait comme architecte, qui jouerait un rôle important dans la vie du poète.
Le père de Hae-gyeong, Kim Yeon-chang, n'a pas reçu la même éducation raffinée que son frère aîné. Il a travaillé d'abord comme ouvrier imprimeur, mais il a dû changer de métier après un accident qui lui a fait perdre trois doigts de la main droite. C'est probablement dans cette situation difficile qu'il a décidé d'envoyer son fils chez son frère qui vivait dans l'aisance.
La traductrice Kim Bona explique : « Ainsi Yi Sang n'a pas vécu dans une famille représentative de la tradition, car sa cohésion, au regard du ritualisme et de l'autoritarisme de la morale sociale confucéenne, apparaissait tronquée. Privé de l'amour maternel, honteux du destin de son père, il présente l'image du père comme "la triste histoire des pleurs d'autrefois", tel un "mendiant" ou un "homme déguenillé" du passé. Livré à l'animosité de sa tante, Yi Sang à la fois regrette une vie de famille qui aurait pu être épanouissante et souple et prend parti contre le rigorisme et l'étroitesse des anciens. »

* Poèmes

Parents

Un homme déguenillé, il ressemble au Christ. Il voulait se dépouiller de sa dernière vie et de sa mort pour moi, quel cœur intrépide ! A chaque instant durant ma vie, devant mon bégaiement, il marque sa réprobation. Amour de mes parents ! Cette conduite si honnête m'est toujours un choc. Si je n'assassinais pas ce sosie du Christ imposant, je m'inquiéterais vraiment d'avoir trahi ma naissance et conçu mes projets pervers. Mais malgré ma récente évasion les voix des miens retentissent encore à mes oreilles.

Vue à vol de corbeaux Poème N° 14

Devant le vieux palais pousse l'herbe, et sur l'herbe j'ai posé mon chapeau. Au-dessus du palais, à mon souvenir j'ai attaché une pierre lourde, et l'ai lancée de toutes mes forces le plus loin possible. Mais une trajectoire parabolique contraire ramène la triste histoire des pleurs d'autrefois. Soudain, en contre-bas du palais, à côté de mon chapeau, je regarde un mendiant tel une statue. Le mendiant se trouve plutôt au-dessus de moi. Représente-t-il l'esprit de tous les morts de l'histoire ? J'ai posé mon chapeau à l'envers, sa cavité appelle le ciel imminent.
Soudain le mendiant tremblant de peur, courbe son grand corps et laisse tomber une pierre dans mon chapeau. Déjà, je défaille. Mon cœur déplace la perspective dans ma pensée. Une main glacée touche mon front. A mon front, la marque de la main glacée demeure à jamais.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >