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Culture

La poésie (7) – Yi Sang (2)

2017-06-06

La poésie (7) – Yi Sang (2)
« Cinquante poèmes, Les ailes et poèmes complètes », recueil de textes de Yi Sang traduits, présentés, commentés et annotés par Kim Bona, paru aux éditions William Blake & Co. en 2002.

* Présentation du poète :
Yi Sang passait une enfance plutôt solitaire. Il recopiait des images pour s'amuser dans la chambre qu'il partageait avec son père adoptif qu'était son oncle. Son inclination pour la peinture se confirmait avec le temps. Il aurait voulu suivre une carrière artistique, mais l'oncle l'a fait entrer à l'école supérieure de technologie dans la section d'architecture. Seul Coréen parmi les Japonais, il s'est courageusement engagé dans les études et a obtenu un excellent résultat durant les trois années passées dans cet établissement. Tout en continuant à dessiner et à peindre, il s'est mis à écrire dans la revue de l'école supérieure. Il a même réorganisé l'équipe de rédaction.

Dès 1927, il est hanté par l'idée du suicide : il perd le sommeil et remplit des cahiers de poèmes. Il conserve une vieille habitude de son enfance de jouer avec un miroir.

En 1928, en tant qu'élève, Yi Sang, de son nom de naissance Kim Hae-gyeong, effectue un stage sur un chantier de construction. La traductrice Kim Bona explique : « Un manœuvre japonais l'interpelle par erreur "Yi Sang", au lieu de "Kim Sang". Ce lapsus séduit l'élève et il l'adopte pour pseudonyme. Enfin, puisque le nom de famille du poète a disparu, lui-même y renonça. Tout ce que le nom véhicule d'attachement au clan familial, qui le soutient et qu'il perpétue, est remis en cause par Yi Sang. Il fait acte d'indépendance, il devient un commencement absolu. Son but et sa raison de vivre sont signifiés dans ce nouveau nom reçu incidemment, embrassé au hasard des circonstances : le nom est "digne seulement du dos de la plaque patronymique." Il vient de renoncer à l'aspect le plus légal et visible de sa filiation : la transmission du nom. »

* Poème

Le miroir

Dans le miroir, il n'y a pas de bruit.
Nulle part ailleurs un monde aussi silencieux.

Dans le miroir aussi, j'ai des oreilles.
Deux malheureuses oreilles qui n'entendent pas
ma parole.

Le moi dans le miroir est gaucher.
Un gaucher qui ne sait pas accepter ma main tendue
il ne sait pas serrer la main.

A cause du miroir, je ne peux toucher le moi
dans le miroir,
mais, sans miroir, comment pourrais-je rencontrer le moi
dans le miroir ?

Maintenant je n'ai plus de miroir, mais dans le miroir,
demeure toujours le moi dans le miroir.
Peut-être s'adonne-t-il à ses affaires,
seul, sans que je puisse le savoir.

Le moi dans le miroir s'oppose à moi,
Mais il est encore très ressemblant.
Je suis bien triste de ne pouvoir me préoccuper
du moi dans le miroir, de ne pouvoir l'ausculter.

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