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Culture

La poésie (8) – Ki Hyongdo (2)

2017-06-27

La poésie (8) – Ki Hyongdo (2)
« Une feuille noire dans la bouche », recueil de textes de Ki Hyongdo traduits par Ju Hyounjin et Claude Mouchard, paru aux éditions Circé en 2012.

* Présentation du poète :
Avant de devenir poète, Ki Hyongdo était un jeune homme comme les autres. La traductrice Ju Hyounjin explique :
« [...] il souffre sous l’emprise de la dictature et de l’oppression – notamment dans les années quatre-vingts où il vit son ‘temps à l’université’ ; il lui arrive alors d’atteindre l’extrême du désespoir. La vie en Corée à cette période est aussi difficile que dans les années 60 et 70. On nageait dans un océan de sensations telles que l’anxiété, la frustration, le sentiment du vide ; beaucoup disparassaient brusquement ou se trouvaient forcés de se soumettre à l’oppression exercée par les autorités [...].
L’histoire récente de la Corée, du moins avant les années 90, a l’allure d’une série de drames engendrés répétitivement par l’oppression exercée par le pouvoir et par les résistances qu’elle suscite. En ces temps-là, Ki Hyongdo n’est certes pas le seul à douter de toute possibilité d’espérer. A cette époque, ‘il faisait tellement mauvais qu’on ne pouvait le supporter’, et beaucoup de jeunes vivaient une existence si fragile que tout pouvait ‘s’effondrer même sous le plus léger contact’. Pour Ki Hyongdo comme pour tous les jeunes d’alors, ‘l’âme’ ne s’ouvrait que ‘pleine de pages noires’. »

* Poème

Le vieux livre

ce que j’ai vécu est presque
miraculeux,
pendant longtemps j’ai moisi
moi, dans un monde sombre et humide
c’est un ordre que personne ne regarde.

au-dedans d’un espoir vide
comment prédire une vie entière ;
d’autres précipitamment
avec si peu de contenus
feuillètent les fonctions des uns, des autres, et insèrent un marque-page,
ou encore quelqu’un dit avoir vécu trop facilement,
et qu’il faudrait un souvenir plus épais

franchement, pour la perfection, l’épaisseur
serait-elle un problème ? j’ai vécu en changeant plusieurs fois de place
mais je n’ai jamais pensé à la mort, ma carrière
ne comportant que ma naissance, car
comme la peur est ma nature
et l’avenir mon passé,
j’existe ; alors, jusqu’à quel point le courage est-il irresponsable, regardez

moi qui par tous ceux qui m’ont vu au moins une fois
ai été quitté, mon âme
est presque pleine de pages noires, alors qui voudrait
m’ouvrir ; mais dans ce cas
ils n’ont pas le droit de discuter du faux ;
le faux et le vrai doivent rêver
d’un seul objectif, mais
en une seule ligne

je ne crois pas au miracle

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