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Culture

La poésie (9) – Moon Chung-hee (1)

2017-07-18

La poésie (9) – Moon Chung-hee (1)
« Celle qui mangeait le riz froid », recueil de poèmes de Moon Chung-hee traduits par Kim Hyun-ja avec la collaboration de Michel Collot, paru aux éditions Bruno Doucey en 2012.

* Présentation de la poétesse :
Née en 1947 à Boseong dans la province de Jeolla du Sud, Moon Chung-hee est l'auteure d'une dizaine de recueils, de pièces de théâtre et d'essais d'inspiration féministe, qui ont été récompensés de nombreux prix littéraires. Ses poèmes ont été publiés aux Etats-Unis, en Allemagne et, bien sûr, en France. Elle est l'une des figures majeures de la poésie coréenne contemporaine, et elle participe activement à des manifestations culturelles pour représenter la Corée à l'étranger.
Dans un article paru dans Keulmadang, revue en ligne spécialisée dans la littérature coréenne, Véronique Cavallasca dit : « La force de Moon Chung-hee est d'appréhender le monde quotidien par la poésie. Ainsi qu'elle le dit dans la postface, tout lui est prétexte poétique dans sa vie, dans la vie. Et c'est ainsi que cette 'anthologie' qui présente une suite de textes choisis dans plusieurs recueils et présentés dans l'ordre chronologique de leur publication propose la lecture d'une œuvre traversée par la vie, les vies. De recueil en recueil, les thèmes se retrouvent, leur traitement évolue, au rythme de l'auteure, celle qui écrit et qui mangea un jour le riz froid, ce qui la fit aussitôt songer à sa propre mère. [...] »
Véronique Cavallasca continue : « Plusieurs thèmes donc traversent cette œuvre. [...] La politique et ses excès, la nature qui transfigure, la tradition et le poids des devoirs, la culture populaire, ses croyances et ses peurs, l'amour et la passion amoureux, la maternité dans l'abnégation et le renoncement, l'amour filial et la reconnaissance, enfin la féminité, cet état transgressif permanent qui porte la parole de la poétesse. »

* Poèmes

Le riz froid

Relevant mon corps malade je mange seule du riz froid
Le givre dans le riz me pique la gorge
De nos jours avec tous les engins électroménagers de la cuisine
une minute sur le bouton suffit pour avoir du riz chaud
On n'a guère l'occasion de manger du riz froid
mais aujourd'hui je mange seule du riz froid
Celle qui mangeait du riz froid
alors qu'elle donnait à manger du riz chaud à sa famille
elle finissait son riz froid dans un bol ébréché avec des morceaux de radis qui traînaient
elle léchait l'arête du poisson
pourtant de son corps jaillissait l'amour le plus doux
Avec le regret de ces mains affairées
même tard la nuit dans la cuisine
aujourd'hui relevant mon corps malade je mange du riz froid
D'après une légende le Ciel n'ayant pu envoyer un dieu dans chaque foyer
y aurait envoyé une mère pour le remplacer
Alors je la rencontre dans le riz froid que je mange seule
Aujourd'hui
je deviens le riz froid du monde

A mon fils

Ô mon fils
Entre toi et moi
vit sans doute un dieu

Pourquoi devenir si profonde
chaque fois que je t'appelle
Et dire toujours des prières
derrière ton dos

Quand tu étais enfant
entre nous deux
vivait un si petit et si jeune dieu

et ton univers fondait
dans un simple bonbon d'amour

Ô jeune amour
à la taille maintenant bien élancée

Quel est ce dieu qui vit
entre toi et moi
pour qu'un long fleuve y coule ainsi à l'infini

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