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Culture

La poésie (11) – La poésie coréenne médiévale et classique (9)

2017-11-14

La poésie (11) – La poésie coréenne médiévale et classique (9)
« Le Saule aux dix mille rameaux », anthologie de la poésie coréenne médiévale et classique – poèmes traduits, présentés et annotés par Ok-sung Ann-Baron, en collaboration avec Jean-François Baron – parue aux éditions UNESCO en 2005.

* Présentation :
« Chant pour le bel homme de mes pensées » est considéré comme le meilleur des gasa qui chantent l’attachement au souverain. Dans ce poème long en prose, son auteur Songgang Jeong Cheol célèbre son attachement au roi Seonjo, « comme s’il était une femme délaissée par son mari, immortelle revenue sur terre, mais qui reste attachée à son époux ».

* Poème

Chant pour le bel homme de mes pensées

Quand je suis née, après mon bien-aimé,
toute une vie selon ce destin : comment le Ciel pouvait-il l’ignorer ?
Moi seule, je reste jeune, vous seul vous m’aimez,
rien n’égale ce cœur, cet amour.
J’ai voulu passer toute ma vie avec vous,
en cet âge vieillissant, pourquoi suis-je seule, toujours me languissant d’amour pour vous ?
Avant-hier, en votre compagnie, je suis montée au paradis de la Vaste Froidure,
depuis, comment ai-je pu descendre en ce bas monde ?
Mes cheveux peignés en revenant, voici trois ans qu’ils sont emmêlés,
j’ai du rouge à joues et de la poudre — mais pour qui m’embellirais-je ?
Mes soucis sont déposés au fond du cœur, accumulés couche après couche,
ce qui est exhalé, c’est un soupir, ce qui est versé, c’est une larme.
La vie est limitée, l’angoisse n’a pas de fin.

Le temps insensible court comme l’eau,
chaleur et froidure connaissent leur temps, ils arrivent à nouveau comme ils étaient partis,
j’entends, je vois — tant de choses à sentir !

Quand dans le givre d’une nuit pleurent les oies sauvages,
je monte seule sur le haut pavillon, écarte le rideau de cristal.
La lune se lève sur le mont de l’Est, les étoiles apparaissent au pôle nord.
Est-ce lui ? je l’accueille mais mes larmes d’elles-mêmes se répandent.
Je veux saisir un clair rayon, l’accrocher au sommet du pavillon du Phénix !
— laissons-le sur votre pavillon pour qu’il éclaire le monde entier !
qu’il éclaire la montagne profonde et le fond de la vallée comme en plein jour !

Quand ciel et terre se sont refermés, que la neige blanche est d’une seule couleur,
les gens comme les oiseaux en vol se sont arrêtés.
Quand le froid de la rive au sud des rivières Sosang est aussi vif,
point n’est besoin d’évoquer le froid du haut lieu, le palais de Jade.
Je veux saisir un souffle du printemps pour le faire rayonner là où se trouve mon bien-aimé,
et offrir au palais de Jade le soleil qui rayonne sous l’auvent de ma chaumière.

Douze fois par jour, trente jours par mois,
un instant arrêtons d’y penser, je veux oublier cette angoisse,
mais elle se forme, au fond du cœur, me pénètre jusqu’à la moelle.
Même dix grands mires, que feraient-ils de cette maladie ?
Hélas ! Ma maladie est due à mon bien-aimé !
Mieux vaut mourir et devenir un grand papillon,
m’arrêter sur chaque branche en fleur,
et sur son vêtement poser mes ailes parfumées.
— Même s’il ne me reconnaît pas, je veux suivre mon bien-aimé !

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