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Culture

Les romans policiers (1) – Kim Tak-hwan (3)

2017-12-12

Les romans policiers (1) – Kim Tak-hwan (3)
« Les romans meurtriers », roman policier de Kim Tak-hwan traduit par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, paru aux éditions Philippe Picquier en 2010.

* Présentation
Notre narrateur Yi Myeong-bang, fonctionnaire de la Haute Cour de Justice est chargé du transfert du condamné de la prison au quartier du marché de la Porte Neuve. Les badauds barrent le chemin en clamant qu’ils ne peuvent laisser passer le monstre.

* Extrait (pages 19 à 22)
Les fonctionnaires de l’Euikeumbu étaient sûrement déjà arrivés au lieu de l’exécution et devaient terminer les derniers préparatifs. Il fallait nous hâter. Il n’y avait plus une seconde à perdre.
Le peuple qui avait assailli la Haute Cour de ses plaintes et de ses récriminations allait enfin se calmer. Il y avait eu plusieurs affaires non résolues par le passé, mais aucune n’avait causé autant d’effervescence que celle-là. [...]
La Porte Neuve n’était pas encore en vue. Il fallait se dépêcher. Si nous arrivions en retard, nous encourions de graves sanctions.
Alors que je m’apprêtais à admonester la foule, un calme soudain se fit et la voie s’ouvrit, comme une tige de bambou se fend en deux. Les badauds reculèrent craintivement. Le sabre toujours à la main, je tournai brusquement la tête.
Le condamné, jusque-là assis en tailleur dans la charrette tel un bouddha de pierre, s’était relevé avec peine. Ses jambes, qu’on avait écrasées sous une grosse pierre aiguë, tremblaient, semblant sur le point de se dérober. Entre les lambeaux de son pantalon, on apercevait ses mollets dont la chair avait été tailladée comme du poisson cru. Ses genoux étaient couverts de sang séché, quant à ses cuisses, elles ne formaient plus qu’un énorme hématome. [...]
Malgré la succession des longs et pénibles interrogatoires qu’il avait subis dix jours durant, après être passé aux aveux, l’assassin n’avait pas dénoncé son complice. Il avait affirmé être le seul coupable des neufs meurtres. Pourtant, ne disait-on pas qu’un criminel emprisonné à l’Euikeumbu ne résistait pas une nuit à la torture et allait même jusqu’à avouer des crimes qu’il n’avait pas commis ? [...]
Mais cet homme maigre et frêle n’avait rien voulu céder. Il ne s’était pas départi de la parfaite cohérence de ses propos et de ses souvenirs. Il avait enduré son calvaire, déterminé à ne pas revenir sur ses déclarations dans le seul but d’alléger le supplice de son corps. A plusieurs reprises, il s’était évanoui, si souvent que ses bourreaux en avaient eu les bras tout engourdis à force de lui verser de l’eau froide pour le ranimer.

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