Le premier livre sur l’importance de l’éducation prénatale

« Tout comme un bon médecin prévient les maladies, dix mois d’éducation prénatale sont plus importants que dix ans d’études après la naissance. »
- Taegyo Singi, ou nouveau traité de l’éducation prénatale, écrit par Yi Sajudang

Si les Coréens estiment qu’un bébé a déjà un an à sa naissance, c’est parce que le fœtus est considéré ici comme un enfant : il partage tout ce que sa mère mange, boit, ressent, entend, etc. Pour cette raison, les parents coréens pratiquent l’éducation du bébé dans le ventre durant les neuf mois de la grossesse, ce qui est appelé « taegyo » ou éducation prénatale.

A l’époque de la dynastie Joseon, les femmes enceintes devaient être prudentes dans leur conduite tout en suivant les méthodes traditionnelles d’éducation prénatale. C’est une femme du nom de Yi Sajudang qui a rédigé un livre consacré aux pratiques de taegyo, le premier de son genre au monde.

Femme de savoir et de vertu

Yi Sajudang est née en 1739 à Cheongju dans la province de Chungcheong du Nord d’un père lettré, qui reconnaît aussitôt le talent et le bon tempérament de sa fille. Il l’encourage à lire et écrire librement, ce qui était tout à fait inhabituel à l’époque dans l’éducation des filles.

La petite Sajudang est assez intelligente pour maîtriser toutes les tâches ménagères nécessaires pour une jeune fille de la noblesse comme le tissage et la couture, mais aussi pour apprendre en seulement un an les classiques chinois tels que « L’étude primaire », « Les rites familiaux selon le maître Zhu Xi », « Quatre livres pour les femmes ».

Elle épouse Yu Han-gyu, qui est l’oncle de Yi Bingheogak, l’auteur de « L’encyclopédie des femmes ». Son mari est de 22 ans son aîné, mais les deux forment un couple bien assorti. Yi Sajudang sert sa belle-mère avec une telle dévotion que tous les membres de sa belle-famille n’arrêtent pas de faire son éloge. Impressionné par sa femme dévouée, le mari la considérera plutôt comme un compagnon intellectuel que comme une simple épouse tout au long de leur vie conjugale.

« Taegyo Singi », livre écrit à partir de l’expérience

« Taegyo Singi » ou nouveau traité de l’éducation prénatale est un livre écrit en caractères chinois par Yi Sajudang en 1800. Son principal sujet de préoccupation étant l’éducation de ses enfants, elle consulte de nombreux livres, mais il n’y en avait aucun qui parlait de l’éducation pendant la période de la grossesse. Après beaucoup de réflexion, elle décide de rédiger elle-même le fameux livre.

Elle réunit d’abord toutes les informations sur ce sujet qui étaient réparties dans plusieurs livres et documents ainsi que les méthodes traditionnelles de l’éducation prénatale transmises de génération en génération. Ensuite, elle commence à écrire le livre à partir de sa propre expérience avec ses quatre enfants et de ses observations personnelles.

Yi a 62 ans quand elle écrit le précieux livre. 20 ans plus tard, son fils Yu Hee, grand savant en sciences pratiques et auteur d’« Eonmunji » ou étude sur le système d’écriture coréen, divise le manuscrit de sa mère en 10 parties puis les commente pour les publier sous le titre de « Taegyo Singi ».

D’après Yi Sajudang, même si les maîtres éduquent un enfant pendant dix ans, leur influence est toutefois moins importante que celle de la mère pendant la grossesse. L’âme immaculée du père pour l’imprégnation est plus importante que le comportement de la mère pendant la grossesse. La femme ne doit pas voir, entendre, dire quelque chose de mauvais durant cette période. L’éducation prénatale ne concerne pas que la mère mais aussi tous les membres de la famille. Les femmes enceintes ne doivent pas écouter de la musique bruyante ou des injures. Il faut qu’elles essaient de purifier leur âme et esprit en récitant des poèmes ou en écoutant de la bonne musique. Elles sont interdites d’utiliser des expressions vulgaires, même quand elles sont en colère. Il est également proscrit pour elles de tromper les autres. Pendant qu’elles dorment, elles doivent maintenir une bonne posture. Il ne faut pas qu’elles fassent la sieste lorsqu’il fait trop chaud ou trop froid. Si les parents négligent l’éducation prénatale, leur enfant risque de n’avoir aucun talent et d’être en mauvaise santé.

Aujourd’hui encore, l’éducation prénatale est considérée comme une étape cruciale de la grossesse car c’est le meilleur cadeau que les parents peuvent donner à leur enfant à naître.