Aller au menu Aller à la page
Go Top

Cinéma & dramas

« Innocent Witness », les bonnes intentions ne font toujours pas les bons films

2019-02-27

Séoul au jour le jour


Le film « Innocent Witness » de Lee Han démontre une nouvelle fois que les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film. Et vice versa. Parfois, ce serait même le contraire. Dans cette histoire autour de l'autisme, néanmoins l'acteur vedette et vétéran Jung Woo-sung se refait une santé et Kim Hyang-gi continue son ascension vers la starisation.


* Une histoire cousue de fil blanc

Il est difficile de rivaliser avec des films comme « Rain Man » où Dustin Hoffman interprétait un autiste aux côtés du jeune Tom Cruise (1988) qui reposait sur la performance de ses deux vedettes. « Innocent Witness », sorti le 13 février dans les salles, tente aussi de jouer sur la prestation nuancée de ses deux stars, mais rajoute un effet de double genre entre film de cour de justice et film psychologique entre une jeune fille autiste (Kim Hyang-gi) témoin d'un meurtre supposé et un avocat sur le retour (Jung Woo-sung) flairant un bon coup pour se remettre en selle.


* Les (mauvaises) conditions de vie des handicapés

Le film touche un point très sensible en Corée du Sud : celui des conditions de vie des personnes handicapés. Les traditions hindo-bouddhistes d'Asie ont longtemps influencées le pays. Ces traditions n'accordait que peu d'importance aux individus ayant un handicap, à la façon de les soigner et de les aider, car ils étaient jugés inaptes à la vie et punis par le destin. En Corée du Sud, tout comme en Corée du Nord, un certain eugénisme a longtemps prévalu ; et comme en Inde, il n'était pas rare de voir les handicapés défavorisés errer dans les rues sans aucune assistance. Le film « Oasis » de Lee Chang-dong, grâce à son succès et à l'interprétation de l’actrice Moon So-ri, a changé la donne dans le cinéma en 2002. Et parallèlement, la société sud-coréenne et son gouvernement ont, petit à petit, aménagé des possibilités de survie et d'assistance aux personnes avec un handicap.


* La loi comme paravent au réel

L'autre thème du film « Innocent Witness » est celui de la justice et de ses simulacres. De nos jours où des avocats deviennent présidents de la République, en France comme en Corée du Sud, le thème ne manque pas de piquant. Jung Woo-sung donne un visage à ces professionnels qui souvent n'en ont pas. Idéalisant la loi pour la cause du peuple, ils finissent par protéger les riches et à s'en mettre plein les poches, tout en corrompant l'ensemble de la profession sur une multitude de générations. Le film de Lee Han suggère bien que la loi ne s’intéresse pas à la réalité des faits, mais joue sur des clichés qui vont tous dans le même sens : la culpabilisation des exploités et la protection des exploiteurs. Comment pourrait-il en être autrement puisque le pouvoir d'exercice et d'application des lois est un monopole chèrement gardé par les dirigeants. En sus, comme le montre « Innocent Witness » - très indirectement - les lois locales sont encore imbriquées à un droit coutumier qui rend les choses et la réalité des faits encore plus sujettes à toutes les coercitions.


* Abondance de clichés et sur-intentionnalité

En Corée du Sud, c'est connu : c'est l'emballage qui compte ; plus ou moins l'avatar du dicton français « c'est l'intention qui compte ». Au cinéma, cela se concrétise par une succession de clichés qui montre l'intentionnalité du réalisateur qui s'excuse presque d'avoir fait le film sur des sujets difficiles. Tant il est vrai que le cinéma est connu pour avoir longtemps été dénoncé comme « l'écran du diable », c'est-à-dire le lieu où se projetait ce que la société avait du mal à accepter, seuls les films dérangeants atteignent un niveau de créativité qui les démarquent du tout-venant. Les bonnes intentions de Lee Han et Jung Woo-sung ont plus d'avenir dans le réel qu'à l'écran.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >