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Cinéma & dramas

Noryang ou l'histoire à toutes les sauces

2024-01-17

Séoul au jour le jour


Le réalisateur Kim Han-min nous l'avait promis, il remettra le couvert pour terminer sa trilogie sur l'amiral Yi Sun-shin. C'est donc le dernier volet qui nous arrive par un glacial hiver intitulé « Noryang : la mer mortelle ». Et en effet, le film est mortel à à peu près tous les niveaux. Pour ceux qui n'avaient pas suivi les aventures de Yi Sun-shin dans « The Admiral : Roaring Currents » en 2014 et dans « Hansan : Rising Dragon » en 2022, voici comment finit l'histoire de notre héros, cette fois, sous les traits de l'acteur Kim Yoon-seok. 


* La bataille de Noryang
Nous sommes donc en 1598, en décembre, pendant la dernière phase de l'invasion japonaise du Joseon, le dernier royaume de la Corée. Cette phase est aussi nommée guerre d'Imjin. Le terrible Toyotomi Hideyoshi a l'ambition d'envahir la Chine en passant par la Corée. Mais voilà, il meurt pendant les opérations. Les troupes largement navales du Japon doivent se retirer en bon ordre sous la direction de Konishi Yukinaga. De son côté, l'amiral Yi Sun-shin a fait alliance avec l'amiral chinois Chen Lin. Les deux hommes ont décidé de porter un coup fatal à l'armée nippone en profitant de la confusion de la retraite. Leur adversaire japonais Shimazu Yoshihiro tente alors de faire la jonction de sa flotte avec celle deYukinaga bloquée dans la forteresse de Sunchon dans le Sud-est de la péninsule. En effet, les Japonais ont tenté de corrompre l'amiral chinois et d'obtenir le libre passage hors de Suncheon. La tension monte entre Chen Lin et Yi Sun-shin mais ce dernier a le dernier mot et les Japonais n'auront plus qu'à se battre. La flotte de secours nippone, elle, n'a plus qu'à s'engager dans le détroit de Noryang. Mais les hommes de Yi Sun-shin et Chen Lin la mettent en pièce. 


* La mort du héros
Même si la bataille fut une victoire pour le Joseon et Yi, ce dernier y trouva la mort. La légende veut qu'au moment où le restant de la flotte nippone se débandait, il reçut un coup d'arquebuse - arme largement utilisée à l'époque. Pour ne pas stopper sa flotte en pleine victoire, il décida de ne pas faire annoncer sa mort, pas même à son allié chinois, et son neveu enfila sa célèbre armure en écailles pour achever victorieusement la bataille. Comme le film le montre, le changement de corps dans l'armure joue un rôle symbolique important dans la légende. Elle représente le passage de relais entre génération et la mythification au-delà des individus de la cause coréenne. Ce n'est donc pas un hasard que le dictateur Park Chung-hee fit de Yi Sun-shin son alter ego, et que l'on retrouve sa statue en plein coeur de la capitale. En 1968, le président ordonna : construisez la statue d'une personne à la fois crainte et admirée par les Japonais au croisement de l'avenue Sejong. Un projet de la déboulonner, en 2005, échoua. Park fut le premier à lancer la vague régulière de films sur Yi, notamment en finançant directement « The Great Hero, Yi Sun-shin » de Yu Hyun-mok en 1962.


* Blockbuster pour adolescents
Pour revenir au film de Kim Han-min, ce dernier a tenté de se refaire après le demi échec du second volet. En effet, si le premier avait battu tous les records d'audience avec 17 millions d'entrées - rappelons que c'était un symbole du fort anti-japonisme de l'époque et juste après la catastrophe maritime du Sewol - la suite, avec Park Hae-il dans le rôle de l'amiral avait laissé les fans sur leur faim et plafonné à 7 millions d'entrées. Il faut dire que ces blockbusters vaguement historiques destinés à redorer le blason national ont une réception liée aux circonstances du jour. Ainsi, ces grosses productions lancées deux ou trois ans avant - notamment à cause de la fabrication des effets spéciaux reflétant les technologies des jeux vidéos pour adolescents - prennent le risque de tomber au mauvais moment.

Nuançons toutefois au regard du nombre extraordinaire d'écrans qui leur sont réservés. Quand plus de la moitié des écrans du pays diffusent le même film, il est difficile d'aboutir à un échec total. Néanmoins, notons que Kim Han-min, réalisateur soudain propulsé au firmament du panthéon cinématographique local - probablement à sa plus grande surprise - est resté à ses vieilles recettes de 2014 (esthétique de cinématique de jeux vidéos, bande sonore pour les malentendants et décors et costumes de TV dramas). L'armure de Choi Min-sik, puis de Park Hae-il et aujourd'hui sur le dos de Kim Yoon-seok ne changera pas grand chose à l'affaire. A l'image des films sur Napoléon en France, le cinéma a du mal à se coltiner les figures sacralisées de la légende nationale. Au niveau du box-office, et en fonction du réchauffement officiel des relations Corée-Japon, « Noryang » semble bien être le dernier volet de la série avec ses, relativement, petits 4 millions d'entrées.

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