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Histoire

La Corée commémore le 100ème anniversaire de la mort de l’indépendantiste Ahn Jung-geun

2010-04-23

Ce sont les individus qui font l’Histoire. Nous appartenons tous à une société régie par des normes et des croyances qui sont liées à certaines évolutions historiques. Or, nous sommes nombreux à penser que l’Histoire n’est pas juste le produit de forces sociales, économiques et politiques anonymes. En effet, on peut également considérer un certain nombre d’individus comme de véritables artisans de l’Histoire. Ces hommes et ces femmes d’exception ont chacun fortement marqué leur époque et ont contribué, à leur façon, à l’écriture de l’Histoire de la Corée, une Histoire riche de 5 000 ans.
KBS World Radio propose donc, à partir de cette semaine d’examiner le passé, le présent et le futur de la Corée en revenant sur la vie des hommes et des femmes d’exception qui ont, à un moment, changé le cours de l’Histoire de la Corée.


Harbin, 1909
Le 26 octobre 1909 à 9h30, Hirobumi Ito, alors premier Résident général japonais en Corée a été abattu à la gare ferroviaire de Harbin, en Chine. Après avoir tiré sept fois sur Hirobumi Ito, un homme s’est écrié « Ura Korea ! », c’est-à-dire, en russe, « Vive la Corée !», manifestant ainsi sa détermination pour l’indépendance de la Corée. C’était Ahn Jung-geun. Il a été bien plus qu’un simple militant pour l’indépendance et la paix : il figure parmi les plus grands héros coréens qui ont sacrifié leur vie pour la cause de la Corée et des Coréens.

Hirobumi Ito était un personnage symbolique qui incarnait l’impérialisme japonais et qui comptait parmi les acteurs principaux ayant fomenté l’annexion de la Corée. Il se rendait à Harbin pour y rencontrer le ministre russe des Finances de l’époque, Vladimir Kokovtsov. Hirobumi Ito s’est écroulé sur le quai de la gare, tout juste trente minutes après avoir été touché par les balles tirées par Ahn Jung-geun. Il devait ne plus jamais se relever.

Vie d’Ahn Jung-geun
On compte Ahn Jung-geun parmi les nombreux martyrs patriotes coréens qui ont consacré leur vie à leur pays. On se souvient surtout de lui comme étant le symbole de l’esprit et de la fierté de la Corée. Il est né le 2 septembre 1879 à Haeju, dans la province de Hwanghae, actuellement en Corée du Nord. Enfant, on le surnommait « Ahn Eung-chil », ce qui signifie littéralement « sept marques », en référence au sept grains de beauté qui formaient comme une étoile sur son torse. Il a utilisé plus tard « Eung-chil » comme faux nom alors qu’il était activement engagé dans le mouvement pour l’indépendance. Issu d’une famille respectée, Ahn avait, jeune, l’ambition de faire carrière dans l’écriture, féru qu’il était des classiques chinois. Puis il s’est davantage intéressé aux arts martiaux, au tir à l’arc et à l’équitation. Influencé par par son père, il s’est converti au catholicisme et a commencé à étudier l’Occident. En 1906, il a créé une école pour former les jeunes alors que le pays était tombé en plein désarroi politique et que de grands bouleversements étaient imminents, suite à la dissolution forcée de l’armée coréenne. L’année suivante, Ahn s’est rendu à l’est de la Russie, où il s’est enrôlé dans une armée pour lutter pour l’indépendance de la Corée. En 1909, il a prêté serment, de même que onze autres compatriotes, de se battre sans répit pour permettre à la Corée de retrouver sa souveraineté.

Ahn a été immédiatement arrêté après avoir abattu Hirobumi Ito; une semaine après, il a été conduit à la prison de Lushun, puis condamné à mort le 14 février 1910. Au cours de son procès, Ahn a expliqué que son acte ne répondait pas à la simple motivation d’éliminer le général ennemi, mais servait une cause plus noble et juste. Il a ainsi énuméré pas moins de quinze raisons « justifiant » l’assassinat de Hirobumi Ito, parmi lesquelles son implication dans le meurtre de l’Impératrice coréenne Myeongseong et son rôle dans le mouvement impérialiste japonais qui empiétait sur les territoires voisins et mettait à mal l’harmonie existante entre les pays asiatiques.

Ahn Jung-geun, le philosophe
Pendant les 144 jours qu’il a passés en prison, Ahn Jung-geun a rédigé son autobiographie, intitulée « L’histoire d’Ahn Eung-chil », ainsi qu’un texte appelé « De la paix en Asie de l’Est », où il prône la coopération et la paix entre la Corée, la Chine et le Japon pour assurer la prospérité aux trois pays. Il a été exécuté avant de pouvoir terminer son livre, mais les pages qu’il avait déjà écrites sont la preuve manifeste qu’Ahn Jung-geun était bien plus qu’un patriote. Il était aussi un pionnier dans le domaine des relations politiques internationales puisqu’il suggérait déjà la collaboration entre les pays d’Asie de l’Est pour restaurer la paix.

Ahn Jung-geun a été pendu le 26 mars 1910 à 10h à la prison de Lushun, alors qu’il avait 31 ans. Ses derniers mots expliquent son acte meurtrier : « J’ai agi ainsi seulement pour la paix en Asie. La Corée et le Japon devraient travailler de concert pour assurer la paix dans l’est asiatique ».

Alors qu’on célèbre les 100 ans de la mort d’Ahn Jung-geun, les Coréens et les Japonais réfléchissent ensemble sur la vie de l’un des pionniers de l’histoire coréenne les plus respectés, un pionnier qui exhortait les pays asiatiques à travailler ensemble pour la réconciliation et la paix. Si l’on reconnaît aujourd’hui l’œuvre du philosophe et de l’idéologue, beaucoup d’autres aspects de la vie d’Ahn Jung-geun restent encore à être racontés, écrits et respectés.

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