« Qui cherche la mort vivra, et qui cherche la vie mourra. »
Au matin du 16 septembre 1597, la marine de Joseon apprend que la flotte japonaise approche du bras de mer de Myeongnyang (appelé à l’époque « Uldolmok »). Les Japonais comptaient en effet passer par ce couloir étroit situé entre Haenam et Jindo dans la province du Jeolla du Sud, pour accéder à l’intérieur du pays. Le bras de mer de Myeongnyang, long de deux kilomètres, était alors considéré comme un passage particulièrement dangereux car profond et battu par des courants violents. Les Coréens, qui ne disposent alors que de 13 bateaux, les fameux« bateaux-tortues », sont intimidés devant l’avancée des 133 navires japonais qui noircissent très vite l’entrée du couloir.
C’est à ce moment que l’amiral Yi s’écrie : « Qui cherche la mort vivra, et qui cherche la vie mourra. » Ce cri de guerre a alors raison de la crainte légitime de ses hommes. Avec le moral ainsi remonté, la marine coréenne est prête à porter une nouvelle attaque contre son ennemi. L’amiral Yi fait signe aux hommes cachés sur les deux rives d’actionner le cabestan auquel sont attachés des câbles métalliques. Ces câbles qui reposaient, lâches, au fond de l’eau, se tendent alors, bloquant l’avancée des navires japonais.
Ceux-ci, pris par la force des courants, chavirent et se heurtent les uns aux autres. C’est à ce moment opportun que les bateaux coréens lancent une attaque synchronisée de grande envergure. C’est ainsi que la manœuvre stratégique de l’amiral Yi, consistant à attirer la flotte japonaise dans l’étroit couloir et à utiliser la force de la marée, permet de renverser une situation qu’on croyait désespérée, et de remporter une victoire éclatante.

Les grandes réalisations de l’amiral Yi Sun-sin
La victoire de l’amiral Yi à la bataille de Myeongnyang est considérée comme l’une des plus belles victoires navales de l’histoire mondiale. Conscient de la très grande infériorité numérique et technique de sa flotte, l’amiral a su mettre au point une tactique d’attaque brillante, lui permettant de remporter une victoire écrasante sur l’ennemi.
Yi Sun-sin est né le 28 avril 1545 à Séoul. Il a commencé à se former aux arts martiaux à l’âge de 22 ans et il est entré dans l’armée en 1576, après avoir réussi les concours d’entrée de la fonction publique. Il fut promu amiral de la garnison navale du sud-ouest de la province du Jeolla en 1591, juste un an avant que la guerre Imjin n’éclate.
Considérant la guerre avec le Japon comme inévitable, Yi s’y prépara sans tarder : il entraîna ses hommes en conséquence et fit construire un nouveau type de navire, le « geobukseon », autrement dit le « bateau-tortue ». Ce tout premier cuirassé de l’histoire navale doit son nom à la carapace blindée qui le protège.
La proue comporte une tête de dragon dont la gueule fait office de canon. Il est armé de sabords blindés sur les côtés permettant des tirs de grosses pièces d’artillerie, et couverts de piques anti-abordage. Le bateau-tortue a été utilisé à la bataille de Sacheon pour la première fois. De nombreuses victoires lui sont attribuées, dont la bataille de Hansan et celle de la baie de Busan. En 1593, Yi Sun-sin est nommé amiral en chef des trois provinces.
Touché d’une balle, il meurt à la fin de la bataille de Noryang, en 1598. Tous les grands moments de la vie de l’amiral Yi sont relatés dans son « Nanjung Ilgi », c’est-à-dire son « Journal de guerre ». Ce document consiste ainsi en un compte-rendu très précis des événements politiques et militaires qui ont ponctué l’histoire coréenne de 1592 à 1598.
Remarquable par sa vaillance, Yi aura remporté 23 de ses 23 batailles navales. Or, il ne doit pas son titre de héros seulement à ses victoires, mais à toutes les qualités qu’il a démontrées au cours de sa vie ; son dévouement, son courage et son abnégation sont, encore aujourd’hui, une source d’inspiration pour les Coréens.