Des femmes présidentes : le début d’une nouvelle ère
De plus en plus de pays sont maintenant dirigés par des femmes. En 2010 seulement, on a vu des femmes devenir chefs d’Etat au Brésil, en Australie, en Suisse et en Slovaquie. Dans la dernière décennie, le pouvoir des femmes a connu une évolution exponentielle. La Corée, quant à elle, a jadis été dirigée par une femme : la reine Seon-deok a été la première reine de Corée. C’est elle qui a posé les fondements de l’unification des trois royaumes coréens.

Le passage de « princesse Deok-man » à « reine Seon-deok »
L’année de naissance de la reine Seon-deok n’est pas connue. D’après certains documents d’archives, elle était la fille aînée du roi Jinpyeong de Silla. Elle accéda au trône en 632 et régna pendant 16 ans. Elle devint reine car son père n’avait pas de fils pour lui succéder, et qu’à l’époque, seuls les descendants de la famille royale pouvaient prétendre au trône. La reine Seon-deok a dû faire face à de nombreux obstacles en tant que monarque « femme ». Elle prit le pouvoir un demi-siècle avant Wu Zetian, la seule impératrice que connut la Chine dans son histoire. Un an avant qu’elle ne monte sur le trône, une révolte éclata : l’héritière coréenne n’avait pas la faveur de l’empereur Taizong de la dynastie Tang et les rapports entre Silla et les Tang s’aggravèrent. Seon-deok réussit finalement, envers et contre tout, à devenir reine grâce à sa sagesse et à son intelligence.

Les trois prédictions
Le document historique « Samguk Yusa », autrement dit les « Mémoires des trois royaumes », présente la reine Seon-deok comme une femme particulièrement sage. Ainsi, on dit d’elle qu’elle stupéfia tout le monde en prédisant trois choses. D’abord, elle sut deviner que les pivoines n’avaient pas d’arôme. En effet, lorsqu’elle reçut la peinture d’une pivoine de l’empereur Taizong de la dynastie Tang, elle fit le commentaire suivant : « C’est une fleur magnifique, mais elle n’a pas d’arôme vu que ni les abeilles, ni les papillons ne la survolent. » A une autre occasion, elle réussit à percevoir le danger en entendant des grenouilles croasser. Elle comprit que les troupes de Baekje se cachaient en embuscade, prêtes à attaquer Silla. Elle donna ainsi l’ordre à son armée de passer à l’attaque et parvint à protéger son royaume de la menace ennemie. Enfin, la reine vit l’heure de sa mort venir. Elle demanda à être enterrée près de Doricheon, qu’on peut traduire littéralement par « le Ciel des mérites pleurés ». Elle mourut exactement le jour où elle avait pensé qu’elle mourrait. Dix ans après, le roi Munmu de Silla construit Sacheonwangsa, c’est-à-dire le « Temple du roi des quatre cieux », sous sa tombe. C’est à ce moment-là que les officiels de Silla se rendirent compte que l’adage bouddhiste selon lequel « Doricheon est au-dessus de Sacheonwangcheon » avait été réalisé.

Bases pour la réunification des trois royaumes
Dès sa première année de règne, la reine Seon-deok se montra à l’écoute des gens du peuple. Elle envoya des émissaires partout dans son royaume pour installer des observatoires astronomiques permettant aux agriculteurs de prévoir le temps. En 634, elle rebaptisa son règne l’ère de la « Bienveillance égale » et s’employa à renforcer l’indépendance de Silla vis-à-vis de la dynastie Tang. Elle fit construire un temple bouddhique appelé « Bunhwangsa », littéralement le « temple impérial aromatique », espérant ainsi, avec l’aide du bouddhisme, stabiliser la situation politique de son pays.
A l’époque, la situation de Silla était très précaire en raison d’invasions fréquentes. En 642, le roi de Baekje fomenta un coup d’Etat, s’assurant la prise de 40 forteresses de Silla. La reine dépêcha des envoyés à Goguryeo pour demander de l’aide, et réussit finalement à récupérer les 40 forteresses en question. Elle encouragea également le public à s’investir afin de redonner à Silla sa dignité. Elle fit la promotion de la culture et des arts en construisant une pagode en bois de neuf étages pour le temple Hwangryong en 645. Malheureusement, en 647, une révolte éclata, au cours de laquelle la reine succomba. Dix jours plus tard, la révolte était matée.

Une mère pour la nation
Les contributions de la reine Seon-deok furent différemment jugées d’une époque à l’autre. Les Coréens sont toutefois quasiment unanimes quant à la capacité particulière que la reine avait pour aider son pays à surmonter les moments difficiles grâce à sa méticulosité. Jusqu’à sa mort, elle s’occupa avec grand soin de son peuple et prépara l’unification des trois royaumes.