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Toute déficience physique peut avoir des impacts sur la vie, mais les Coréens d’autrefois auraient pensé que la cécité représente le plus grand obstacle. Dans la célèbre pièce de pansori « Shimcheongga » ou « Le chant de Shim Cheong », l’héroïne se sacrifie pour rendre la vue à son père Shim Hak-gyu, aveugle de nature. Dans l’esprit des gens de Joseon, la vision d’une personne avait la même valeur que sa vie. Les aveugles de cette époque-là ont dû apprendre à réciter les livres sacrés du bouddhisme ou à dire la bonne aventure afin de gagner leur vie. Il existait également un système national destiné à améliorer la vie des personnes aveugles et malvoyantes talentueuses en les employant en tant que musiciens de cour. 


Un lettré confucianiste du nom de Kim Un-ran a perdu la vue suite à une maladie après avoir réussi le concours de recrutement de hauts fonctionnaires. Issu de la classe noble, il ne pouvait pas se permettre de travailler comme diseur de bonne aventure, métier considéré comme ignoble à l’époque. Il s’est initié à l’ajaeng afin de soigner son profond chagrin, et il est vite devenu grand maître de cet instrument à archet. Heo Gyun, auteur de « L’histoire de Hong Gil-dong », le premier roman écrit avec l’alphabet coréen, le hangeul, a écrit ainsi : « La performance de Kim Un-ran ressemble à un discours et ses mélodies font pleurer tous ceux qui les écoutent. »


L’ajaeng dont la sonorité rauque semble dévoiler une profonde tristesse cachée au fond de notre cœur a dû apporter du réconfort à Kim Un-ran. Il avait été brutalement frappé de cécité, ce qui l’a empêché de rester à Sungkyunkwan, l’institution académique la plus prestigieuse de Joseon, et de se divertir avec ses amis. S’il était né aveugle, il aurait plus facilement accepté son destin, ce qui n’était pas le cas pour lui. Il portait son ajaeng partout où il allait pour se consoler. 


Lorsqu’il a écouté la performance de Kim Un-ran, Yulgok Yi Yi, l’un des plus grands penseurs de Joseon, a écrit un poème :

« Le son d’ajaeng venu d’un pavillon vide

Surprend la conversation.

Comme un ruisseau qui coule au fond d’un vallon,

Pleure et pleure l’ajaeng. 

Comme un criquet chantant sur un brin d’herbe emperlée de rosée en automne,

Comme une source qui s’écoule entre les rochers,

Dure longtemps la résonance.

Le hasard de la rencontre de cette nuit 

Remplit mon cœur d’émotions et de vieux souvenirs.

J’arrête de boire et lève mes yeux distraits

Pour découvrir la lune scintillante suspendue haut dans le ciel sans nuages. »


[Liste des mélodies de cette semaine]  

1. Un passage de la version du sanjo pour ajaeng proposée et interprétée par Kim Il-gu

2. « Le sanjo pour ajaeng métallique » proposé et interprété par Yun Yun-seok

3. « Danse au clair de lune » interprété par l’ensemble Sinawi

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