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Culture

La poésie (6) – Kim Hyesoon (1)

2017-05-02

La poésie (6) – Kim Hyesoon (1)
« Un verre de miroir rouge », recueil de poèmes de Kim Hyesoon traduit du coréen par Lee Choo-woo et Lucie Angheben, paru aux éditions Decrescenzo en 2016.

* Présentation de la poétesse :
Kim Hyesoon est née en 1955 à Uljin dans la province de Gyeongsang du Nord. Après avoir obtenu son doctorat en littérature coréenne à l'université Konkuk à Séoul, elle a fait ses débuts littéraires en 1979 avec la publication de cinq poèmes dont « Le poète fumant sa cigarette » dans la revue Munhakgwa Jiseong. Considérée comme une poétesse d'avant-garde, elle enseigne actuellement l'écriture à l'Institut des arts de Séoul.
Dans une interview de la web-revue Keulmadang menée par Shin Hyong-cheol, le critique littéraire fait remarquer qu'un ouvrage publié à l'étranger présente Kim Hyesoon comme « une femme poète très connue, lauréate de deux prix littéraires du nom des poètes Seo Jeong-ju et Kim Su-young, représentants de la poésie pure et de la poésie engagée », deux tendances opposées. La poétesse répond : « Je crois que le débat entre 'poésie pure' et 'poésie engagée' a été extrêmement important pour la poésie coréenne, elle n'aurait pas pu s'en passer. Je considère Kim Su-young comme un poète qui a cherché à dépasser les limites qu'on lui imposait. Qui alors aurait cru que ses lamentations en langue vernaculaire de tous les jours prennent tant d'importance ? Il se peut que j'appartienne aux deux catégories, il se peut aussi que je sois une binationale qui n'appartient à nulle part. »

* Poème

Pluie printanière

J'ai raté mon arrêt en ne pensant qu'à toi
S'il vous plaît ! Dès que j'ai appuyé sur le bouton d'arrêt la pluie s'est mise à tomber
Les silhouettes des passants dans la rue étaient inclinées en diagonale
Dès que je me suis jetée sous la pluie, leurs cris
Les oiseaux qui parlent dans leurs gorges ont sorti
leur tête
Et ont crié : « Je déteste vivre dans le corps d'un autre ! »
L'homme a suivi la femme et la femme a suivi une autre femme
Qui a couru après l'homme
Un homme descendu du bus après moi m'a suivie en m'appelant « Mademoiselle ! » « Mademoiselle ! »
Le mouchoir accroché à sa poitrine flottait au vent comme une fleur coupée
Le ciel au système immunitaire affaibli n'arrêtait pas de tousser
Sous mes cuisses, des plaques noires au sommet des bâtiments penchaient toutes vers la droite
Ces visages disgracieux formés de morceaux d'argile gelés commençant à fondre
Tombaient franchement et roulaient sur le sol
Les oiseaux vivant dans le corps des autres se sont tous envolés ensemble
En crachant et en hurlant à tue-tête
Mon crâne qui ne pensait qu'à toi s'est propagé dans toutes les rues

Les lèvres

La mer de nuit dans laquelle est venue tremper
Cette chaîne de montagnes ondulante,
Si on la fait bouillir et bouillir
Pendant de nombreuses années
Comme la sauce de soja épaisse
On obtient
Les plus tendres du monde
Issues des profondeurs marines

Si elles se touchent,
Elles deviennent le sceau du silence, par contre
Les chaînes de montagnes à l'intérieur de ton corps
tombent les unes après les autres
Les pistils et les étamines composés de couches
Innombrables que ton corps suspend à ton visage
Deviennent, si on les rétracte, des ciseaux aiguisés
Deviennent, si on les tend, une mer sur laquelle se couche le soleil
Rouge

Au loin
Se tendent comme l'arc mes lèvres
D'où sortent de petites chouettes
Qui appellent ton nom
Sans cesse.

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