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Culture

La journée commémorative des morts au champ d’honneur

#Aux sources de la musique coréenne l 2018-06-06

Aux sources de la musique coréenne

La journée commémorative des morts au champ d’honneur

Les empereurs légendaires Yao et Shun de la Chine antique sont considérés non seulement par les Chinois mais aussi par les Coréens comme des modèles de vertu : sous leur règne, la Chine aurait connu la période la plus pacifique et la plus prospère de son histoire. Selon la légende, Yao sortit de sa demeure un jour pour voir de ses propres yeux dans quelles conditions vivait son peuple. Il tomba sur un vieil homme, qui chantait une chanson :

Je travaille quand le soleil se lève et me repose quand le soleil se couche.
 Je bois de l’eau du puits que j’ai creusé et mange des produits cultivés dans mon champ.
 Alors, à quoi me sert la vertu de l’empereur ?


L’empereur sage et généreux était tout content d’avoir entendu cette chanson qui lui permit de comprendre que son peuple menait une vie paisible et satisfaisante. Cet épisode nous laisse supposer que la paix et la prospérité ne sont pas si difficiles à atteindre. Cependant, l’histoire nous montre que ce n’est pas toujours le cas. Le peuple coréen, par exemple, a connu toutes sortes d’épreuves pendant toute la première moitié du XXe siècle : à peine libérée du joug japonais au bout de 35 ans d’occupation, la péninsule coréenne a été divisée en deux, puis une tragédie fratricide qu’est la guerre de Corée a eu lieu.


Aujourd’hui, c’est la 63e journée commémorative des morts au champ d’honneur. Une mélodie intituée « Une chanson pour vous » tente de consoler leurs âmes. Les paroles peuvent se traduire comme suit :

Ils me disent d’aller en paix, d’aller en paix.
 Tenant le cou cassé et traînant les membres coupés,
 Marchant des milliers de kilomètres, sans nuit ni jour, vers le monde de l’au-delà,
 Ils me disent d’aller en paix, d’aller en paix.

 Ils me disent de m’endormir, de m’endormir.
 Allongé sur le champ d’orge, sur l’herbe et sur le sable,
 Sans ouvrir mes deux yeux ensanglantés pendant des millions d’années,
 Ils me disent de m’endormir, de m’endormir.


Ces paroles sont empruntées à un poème de Shin Kyeong-nim intitulé « Ssitgimgut ». Le « ssitgimgut » désigne la cérémonie destinée à guider l’âme du défunt vers l’au-delà, mais aussi à réconforter ceux qui restent dans ce monde. Le terme « ssitgimgut » signifiant « rituel pour laver les sentiments d’amertume et de rancune éprouvés par le défunt », ce rite chamanique aide le défunt à quitter ce monde sans regret ni culpabilité. S’il était autrefois célébré dans toutes les régions de Jeolla, le ssitgimgut est pratiqué aujourd’hui à Jindo et sur les îlots entourant cette île. Le rite chamaniste hautement apprécié pour sa musique et sa danse est le patrimoine culturel immatériel n°72 de Corée.


Dans des temples bouddhiques, un rituel baptisé « yeongsanjae » avait lieu afin de consoler les âmes des défunts. Il s’agit d’une offrande rituelle au Bouddha Sakyamuni destinée à lui demander de guider les âmes vers la paix éternelle. Dans le bouddhisme coréen, on croit que l’âme d’une personne décédée affronte le jugement dernier 49 jours après sa mort. C’est la raison pour laquelle le yeongsanjae était célébré 49 jours après un décès. Le rite composé de danses, le « jakbeop » et de musiques, le « beompae » durait trois jours. Il a été désigné comme patrimoine culturel immatériel n°50 de Corée en 1973, puis inscrit en 2009 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.


Le yeongsanjae se tient chaque année le 6 juin, à l’occasion de la journée commémorative des morts au champ d’honneur, au temple de Bongwon situé dans le quartier Shinchon dans la capitale sud-coréenne.

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