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Cinéma & dramas

Min Kyu-dong

2018-07-11

Séoul au jour le jour

ⓒ CJ ENM

Nous avions laissé le réalisateur Min Kyu-dong, en 2013, au moment de la sortie de son film « In My End is My Beginning » avec celui qui allait, un an plus tard, devenir une énorme star locale : Hwang Jung-min pour « Ode to My Father ». Depuis, Min semble revenu de ses incursions dans les films « genrés » gays, transes ou lesbiens, pour, d'abord, retrouver le genre qui a fait son succès : l'horreur dans « Horror Stories 2» ; le film en costume et souvent dénudé « The Treacherous » qui a failli lui coûter sa carrière en 2015, si les festivals de Karlovy Vary et Sitges ne l'avaient repêché ; et cet été, « Her Story » qui illustre le combat pour la reconnaissance des esclaves sexuelles de l'armée impériale nippone ; sujet classé par l'ancien gouvernement mais remis sur le tapis depuis sa chute.


* 444 premier segment de « Horror stories 2 »

Min avait commencé sa carrière avec « Memento Mori » devenu un film de renommée internationale avec ses lycéennes hantées et hystériques. Mais il n'était pas tout seul aux commandes, il co-réalisait avec Kim Tae-yong (ce dernier est devenu célèbre pour son mariage avec la star chinoise Tang Wei). Bref, le genre horrifique ne semblait pas une priorité pour Min Kyu-dong. Ces films suivants feront dans la comédie romantique et transgenres comme pour « Antique » ou « In My End is My Beginning ». Il est revenu au genre de ses débuts avec « Horror Stories1 » en se contentant de tourner l'introduction du film omnibus. Dans « Horror Stories 2 », il assure le début et les scènes de transition entre les films d'autres réalisateurs ; pas de quoi faire couler beaucoup d'encre, mais on voit que son aura dans le genre depuis « Memento Mori » reste forte.


*The Treacherous : un film sous-estimé

« The Treacherous » a probablement été sabordé lors de sa promotion locale du fait de la rupture qu'il voulait marquer avec ce que les Anglo-saxons nomment « heritage films » récemment en vogue, c'est-à-dire des films historiques revus et corrigés en faveur d'un néo-roman national plein de belles choses et de gloires célestes. « The Treacherous » s'ouvre sur les purges de la classe des lettrés organisés par les clans aristocrates rivaux et par la dynastie Joseon. Le film n'escamote pas les tortures, massacres et autres cruautés dans lesquelles les monarchies coréennes excellaient. Le film enchaîne sur des raffinements érotico-esthétiques qui ont probablement dû inspirer Park Chan-wook pour son « Mademoiselle ». Une scène de striptease néo-confucéen contre des litres d'alcool, une décapitation de cheval, un royal suçon au sein de courtisane, la tranformation de l'école royale Sungkyunkwan en bordel de luxe, un rituel de mesure de vagins aux dimensions du roi, l'exortation à la science taoïste du sexe ; bref, rien n'y manque sauf que le film s’enlise, malgré tout, dans les costumes et les décors flambants neufs typiques des « heritage films », devenant un livre d'images colorées dont le propos subversif initial porté par le réalisateur s'évanouie. Voir tout spécialement la confusion du final, avec un générique qui défile déjà comme sur un film inachevé, en perdition, castré par des diffuseurs impatients.


*Une dernière pirouette ?

Les distributeurs auraient du patienter pour que Min achève à son goût « The Treacherous ». En effet, sa sortie locale fut balbutiante. L'échec planait surtout que le marketing semblait décidé à plomber sa sortie. Les festivals de Karlovy Vary et de Sitges finirent par récuprer le film et à lui donner un peu d'audience internationale. Du coup, il a fini par remonter localement mais est resté sous la barre du million d'entrées alors qu'il visait, vu son financement, à un minimum de cinq millions de spectateurs. Même si sa première comédie «All for love » et  ses deux adapations de comédies à succès, « Antique » (d'après un manga japonais) et « All about my Wife » (d'après un film argentin) ont bien marché, l'échec de la superproduction « The Treacherous » explique un silence de cinq années pour Min et son intérêt inattendu pour un projet historico-patriotique très sensible récemment, celui des esclaves sexuelles de l'armée nippone impériale et d'un procès peu connu contre l'Etat japonais dans les années 1990. 


Film de commande pour compenser le film précédent ? C'est très possible ; la production est assurée par la même compagnie Soofilm, mais cette fois, facilité par un sujet nationalement consensuel - bien qu'un temps remisé au placard par l'accord passé entre le gouvernement sud-coréen précédent et nippon -, la distribution bombardera du lourd avec l'incontournable Next Entertainment.

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