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Cinéma & dramas

Cho Jin-woong, stakhanoviste du petit et grand écran

2018-07-04

Séoul au jour le jour

ⓒ  SARAM ENTERTAINMENT


Avant de retrouver l'acteur Cho Jin-woong dans « The Spy Gone North », film sud-coréen diffusé à Cannes au mois de mai, le voilà déjà dans « Believer », un remake d'un film de l'inégal Johnny To. Sa carrière dans les séries à succès comme « Deep Rooted Tree » et « Signal » et dans une ribambelle de seconds rôles de cinéma jusqu'à sa percée dans « Mademoiselle » de Park Chan-wook est connue. L'enjeu actuel est de savoir s'il tient les premiers rôles et si non, pourquoi ?

* Le masque lui va bien
Ce n'est pas vraiment « Mademoiselle » de Park Chan-wook qui l'a fait connaître en dehors du pays du Matin clair mais plutôt « A Hard Day » de Kim Seung-heun en 2014. Il y jouait un terrible officier de police dans une dépressive et stressante histoire de flics corrompus et incompétents, alternant brillamment réalisme et loufoquerie surréaliste. Le film était à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, cette même année 2014. Second rôle certes mais plus glorieux que d’habitude pour Cho avec « Mademoiselle », aussi sélectionné à Cannes, et son rôle de collaborateur pendant la colonisation japonaise de la Corée ; Cho a montré que le cinéma lui allait bien quand il portait des masques, c'est-à-dire des visages très dessinés, presque des clichés, sa stature de grand gaillard d’1 m 87 faisant le reste. D'où sa recherche de naturel dans ses films suivants.

* A la recherche de premiers rôles
Comme beaucoup de « supporting characters », de seconds rôles servant de faire-valoir aux héros, passer au premier plan est un rêve souvent inaccessible. Cela tient souvent à leur physique : Cho, par exemple, avec ses yeux de merlans frits et sa bouille de videur de club de Busan, a du mal à jouer les jeunes premiers (il n'est déjà plus si jeune) ni même les romantiques pour spectatrices cherchant à tomber en pâmoison. Il tente un premier rôle dans « Man of Will » où il interprète le très peu romantique leader indépendantiste Kim Chang-soo. Le film est un flop même s'il surfe sur le néo-roman national. Cho a un peu plus de succès avec son premier rôle dans « Bluebeard » pour lequel il a mis sa graisse légendaire de côté en perdant beaucoup de poids. Las, le film, tourné comme un sitcom des familles et basé sur une histoire à dormir debout, sera un demi-succès local et n'ira qu'aux festivals de Bruxelles et d'Udine, seconds couteaux du genre s'il en est.

* La chance de sa carrière ?
Si 2017 n'a pas permis de révéler Cho dans un premier rôle de qualité, 2018 lui a donné déjà deux nouvelles chances inespérées. La première est de figurer dans « The Spy Gone North » mais on en parlera plus tard à sa sortie ; et la seconde est dans « Believer » le remake du film Hong-kongais de Johnny To. Pour ce dernier film, Cho a misé sur le naturel. C'est-à-dire qu'il tente de jouer – un flic – sans arborer de masques comme le super gros maquillage dans son rôle pour « Mademoiselle » ou encore ses grimaces pour « Bluebeard » et bien d'autres films où il tenait des seconds rôles. Le film commence bien pour lui, sa place au premier plan est assurée et son visage tente de nuancer un personnage malheureusement peu approfondi par le scénario. Qui est ce flic ? D'où vient-il, où va-t-il ? Personne ne s'en soucie comme on ne se souciera pas de sa mort finale. Le mauvais coup que lui joue le scénario n'est pas le seul à plomber Cho. Les seconds rôles, ceux qu'il a voulu laisser dans son passé, viennent lui voler la vedette : Kim Joo-hyuk d'abord, énorme chef de gang psychopathe qui est venu jouer là son meilleur rôle devant les yeux éberlués de Cho (ceux du personnage et aussi ceux de l'acteur). L'ironie de l'histoire est que le flic joué par Cho doit imiter le chef de gang pour tromper un autre dealer. Et il s'y avère très mauvais. La métaphore a du faire mal à Cho. Surtout que surgit Cha Seung-won, donné comme « special guest » dans l'annonce du film mais qui joue un bien présent chef de gang des plus délirants et convaincants, surtout lorsqu'il s’apprête à se faire brûler la peau du dos à coup de chalumeau.

Bref, Cho a du penser que les seconds rôles s'étaient ligués pour l'empêcher, lui, le second rôle incarné, de passer au stade supérieur. Rassurons-le : le scénario et la réalisation avait déjà naufragé le film avant même qu'il ne puisse y démontrer son talent.

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