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Cinéma & dramas

Début 2019 d'exception pour le cinéma sud-coréen

2019-07-03

Séoul au jour le jour


Avant même de célébrer cet automne ses 100 ans, le cinéma de Corée du Sud a marqué la scène internationale en ce début d'année 2019 : « Parasite » de Bong Joon-ho a ramené la palme d'or de Cannes pour la première fois de l'histoire du cinéma local, et « Burning » de Lee Chang-dong était en compétition aux Oscars. Toutefois dans le pays, la situation, exceptionnelle aussi, est plus complexe : malgré l'énorme succès de box-office de « Extreme Job » de Lee Byoung-hoon, les blockbusters hollywoodiens ont battu des records d'audience inattendus et tout aussi exceptionnels.


*Le syndrome des récompenses internationales

Lorsque le cinéma sud-coréen a émergé sur la scène internationale, à la fin des années 1990, cela s'est fait essentiellement par l'intermédiaire des festivals de cinéma et leurs marchés. Il y a eu conjonction d’intérêts entre les nouvelles sociétés de production-distribution coréennes qui cherchaient des ouvertures sur les marchés pour vendre leurs films, et des dirigeants de festivals qui cherchaient une nouvelle tendance exotique pour se renouveler. C'est Kim Ki-duk et ses films qui sont les champions toutes catégories des prix en festival. Il aura, en 2012, le Lion d'or de Venise. Mais la forteresse cannoise, considérée comme la plus importante par les sud-Coréens restait imprenable. Si « Old Boy » de Park Chan-wook, « Chunhyang » de Im Kwont'aek et des films de Kim Ki-duk ou de Hong Sang-soo, et même « Burning » de Lee Chang-dong, s'y étaient frottés sans succès, personne n'arrivait à monter assez haut au cocotier cannois pour en décrocher la palme. C'est fait cette année avec « Parasite » de Bong Joon-ho. A contrario de ce que rapporte trop souvent la critique iternatioanle, le film de Bong est bien un film consensuel et grand public comme le sont les palmés, et il vient couronner une carrière déjà bien remplie de succès critiques et publics, dans la tradition cannoise. On peut ajouter les effets conjoncturels des relations Cannes-Netflix.


* Super-héros et fantastique hollywoodiens partout

« Parasite », sorti dès le lendemain de son succès cannois en Corée du Sud, a cassé la baraque des cinémas locaux avec 3 millions d'entrées en 5 jours et près de 9 millions après 3 semaines. Quelques mois plus tôt, en janvier, « Extreme Job », comédie pantouflarde de Lee Byoung-hoon et de CJ Entertainment ramassait le pactole de 16 millions de spectateurs : ce qui fait de lui le second plus grand succès de box-office local après « Roaring Currents ». Par contre, « Burning », battu dans sa course aux Oscars, était aussi boudé par le public coréen malgré l'acteur de « The Walking Dead », Steven Yeun, à l'affiche. C'est que les choses semblent se compliquer pour les gros sous du marché du film. Les super-héros hollywoodiens plaisent à un public toujours plus nombreux dans les salles : « Avengers : Endgame » est devenu le film hollywoodien au plus gros succès coréen avec 14 millions de spectateurs. L'année dernière, déjà, « Avengers : Infinity War » avec fait plus de 11 millions d'entrées et « Bohemian Rapsody » plus de 9 millions. Du jamais vu au pays du Matin clair. Après 6 mois, Hollywood place déjà deux autres films au-dessus de la barre des 5 millions d'entrées : « Aladdin » et « Captain Marvel ». Les dirigeants sud-coréens ont crié au scandale pour le monopole des salles par Hollywood (50 % et non 90 % comme souvent annoncé), mais CJ Entertainment avait fait de même pour « Extreme Job ».


*Enrichissement et pouvoir des monopoles de distribution

Nationalisme à part, et on sait que l'argent n'a pas d'odeur ni de drapeau, ce sont les monopoles de distribution-production qui s'enrichissent comme jamais avec ce marché ultra-concentré. Que les films soit venus des palmiers d'Hollywood ou des montagnettes séoulites, le public local dépense comme jamais pour voir des films. Bien sûr la diversité en prend un coup : la grande majorité des films ne parviennent pas à se rentabiliser. Notons l'excellent « The Odd Family » qui ne fait que 260 000 entrées ou « Swing Kids » qui n'en fait que 214 000. Pour le moment, les réalisateurs reconnus de la génération précédente comme Hong Sang-soo, Kim Ki-duk ou Lee Chang-dong se tournent toujours plus vers l'international. Les jeunes qui débutent sont nombreux à sortir un film puis à disparaître parmi les hordes d'employés des monopoles. Devant une nette inactivité de l'Etat dans le domaine, l'espoir réside dans le seul Bong Joon-ho et ses « Parasites », modèle de film intello qui touche un grand public. Bien qu'il n'y aie qu'une palme d'or par an, il montre qu'un autre destin est possible pour le cinéma local.

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