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Cinéma & dramas

Bilan du cinéma en 2020

2020-12-30

Séoul au jour le jour


Les films ont toujours plus de succès malgré l'épidémie voire même à cause d'elle. En effet, les réalités les plus sombres demandent toujours plus de divertissements virtuels, de mondes rêvés, d'illusion qui fassent frissonner ou plaisir. Cependant, l'industrie du cinéma telle qu'elle est actuellement et dans toute ses contradictions, a été peut-être durablement ébranlée. C'est ce qu'on peut retenir de cette année peu ordinaire à cause du COVID-19 comme nous allons le voir.


* Situation institutionnelle

Alors que la Corée du Sud est un pays connu pour son développement technologique, la faible réaction voire la stagnation totale des acteurs du domaine face au transfert massif des films sur les plate-formes en ligne suite à la pandémie peut surprendre, non sans raisons, les observateurs. Bref, comme certains films « indépendants » sud-coréens ont fait le tour des fantomatiques et très virtuels festivals internationaux (la plupart des festivals officiellement en ligne n'ont en fait, techniquement, pas fonctionnés). Les films ayant perçus des subventions et soutiens des institutions officielles ont évidemment eu quelques honneurs. Après l'année dernière « House of the Humming Bird », cette année c'est « Moving on » de Yoon Danbi (en fait, un film de 2019 décalé) et « The Shaman Sorceress » de An Jae-hoon qui s'y sont collés. Du côté des plate-formes, les tentatives de l'industrie locale pour freiner Netflix n'ont pas été à la hauteur. Les plate-formes OTT's (Wavve et Watcha) par exemple, ont plafonné rapidement, tout comme Tving ou les mastodontes de papier que sont NaverTv et KakaoTV. Les problèmes de paiement sont en cause et semblent, pour le moment insolubles. Du côté des festivals, les formules on et offline n'ont pas abouties à des succès significatifs, loin de là. Le KOFIC, de son côté, a annoncé à grands cris des supports pour les films indépendants, mais comme durant les dix années précédentes, on attend encore d'en voir la couleur.


* Films survivants et marquants de l'année

Pandémie en bandoulière, il est normal que moins de films aient marqué cette année 2020. Si on sort des films intégrés institutionnellement - voir plus haut - on a remarqué « Beauty Water » de Cho Kyung-hun, un film d'animation gore qui est passé par le Festival d'Annecy et l'Etrange Festival de Paris. Enorme claque au bizness des cosmétiques, produit en vrai indépendant, il va probablement devenir un film culte dans les années à venir comme « Leafie : a Hunt into the wild », autre bijou de la survivante animation sud-coréenne. Un deuxième film a mérité le détour, il s'agit de « #Alive » de Cho Il-young avec la star Yoo Ah-in. Ce petit film de zombies, et malgré le jeu insipide de l'actrice Park Shin-hye, a réussi, grâce à son approche de détails et au quotidien, à se faire une place dans la foule des films du genre. Il a rappelé parfois le chef d'œuvre sud-coréen du genre ( mais en moins comique) « The odd family : Zombie on Sale » de l'excellent Lee Min-jae. «#Alive » a cartonné aussi sur Netflix, ce qui n'est pas pour contredire la situation. Une mention spéciale pour le petit film indépendant « The Boy from Nowhere » de Choi Chang-hwan sur les immigrés de l'île de Jeju. Grâce a la pandémie qui a vidé les salles des blockbusters, il a obtenu une vingtaine d'écrans alors qu'il n'aurait rien eu en temps normal. Tout n'est pas à jeter dans les temps de crise.


* Débâcle des films des monopoles

On parlait du nombre d'écrans des films indépendants, réduit à presque rien, il faut, à l'opposé, souligner la stratégie du rouleau compresseur mise en place par les monopoles de production-distribution pour remplir les salles projetant leurs films : pas moins de 2 000 écrans furent réservés aux blockbusters locaux à leur sortie. Concrètement cela veut dire presque un seul film visible par quinzaine et pour tous. Cela n'a pas marché... à leur grand désarroi. Hormis deux d'entre eux sortis en période de ralentissement des contaminations, le décevant « Peninsula » qui a plafonné à 3 millions d'entrées, et « Deliver Us from Evil » qui a atteint les 5 millions, les autres ont mordu la poussière. Citons le piteux «Steel Rain 2», le pourtant cannois «Beasts Clawing at Straws » avec Jeon Do-yeon,  « The Golden Hollyday», «Samjin Company», «The Day I Died». Quant à «Time to Hunt», « Call » et bientôt «Space Sweepers», les monopoles ont préféré assurer un minimum de retour sur investissement en les sortant sur Netflix. Un nombre considérable de films dopés par les succès de 2019 ont été tourné et restent encore dans les tiroirs des distributeurs. Malgré les précautions relatives prises par leurs chaînes de salles, les spectateurs n'ont représenté pas même 30 % des entrées habituelles. Ceci explique cela. De nombreux tournages ont été reportés parfois ad vitam aeternam. Il est clair qu'une nouvelle donne économique va être nécessaire si la vaccination n'arrive pas rapidement.


* No Futur ?

S'il y a nouvelle donne économique avec retrait des monopoles et montée des plate-formes, on peut s'attendre à une réduction des budgets de films qui s'étaient vu tripler en dix ans. Car de petites productions suffisent pour être vendues rentablement sur les plate-formes et sortir dans de plus petites salles. Les multiplexes ont du soucis à se faire, et une situation à la française commence à poindre au niveau du marché des salles locales. Tout cela est positif pour les indépendants (il faut dire qu'ils sont tombés si bas, qu'un rien suffit à les faire remonter).

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