Aller au menu Aller à la page
Go Top

Le mystère Jung Woo-sung

2013-07-31

Séoul au jour le jour

L'acteur Jung Woo-sung est le portrait type des acteurs qui ont émergé avec les nouveaux films de genre en Corée du Sud : « Born to Kill », « Beat », « City of the rising Sun » et « Phantom the Submarine ». Tous sont des films clés réalisés entre 1996 et 1999, et tous ont vu Jung Woo-sung tenir leur rôle principal. Aujourd’hui, sa carrière est pourtant loin de tenir ses promesses. Ses fans attendent pourtant sans trop d'espoir de le voir retrouver sa voie dans le remake toujours retardé de « The Killer » de John Woo. Quel est le mystère Jung Woo-sung ?

*La grande époque

Nous sommes au début des années 1990 : le cinéma sud-coréen vient à peine de sortir de l'ornière où il se trouvait en émergeant dans les festivals internationaux. De gros producteurs se lancent dans le milieux en produisant des films de genre inspirés de ceux de Hong Kong, de Tokyo et de Hollywood. Beaucoup sont des remakes ratés qui ne tiennent pas la route, mais certains vont changer la face du cinéma sud-coréen : avec « Beat » de Kim Sung-soo et « Born To Kill » de Jang Hyun-soo, Jung Woo-sung crée un nouveau personnage dans le cinéma coréen : il se situe entre James Dean et Chow Yun Fat, la star de Hongkong dont Jung se veut l'alter ego coréen, en plus jeune. Il est donc à la fois le tueur, le voyou au grand coeur, le marginal, l'outsider de la société sud-coréenne.

Avec « Motel Cactus » de Park Ki-young, il donne un corps érotique à son personnage en suivant les instructions de Chris Doyle, le chef opérateur de Wong Kar Wai. Avec « City of The Rising Sun », il crée le couple de l'amitié virile et rebelle avec son alter ego l'acteur Lee Jung-jae. Avec « Phantom the Submarine » de Min Byung-cheon, il acquiert l'élégance tragique et encore rebelle du jeu d’Alain Delon ou de Chow You Fat.

*La stagnation

Jung Woo-sung appartient dès lors au star-système. Il est dans toutes les pubs, il tourne des clips vidéo pour des groupes à la mode, et on lui propose de jouer les amoureux dans des films commerciaux. Ce sera « A Moment to Remember », « Daisy » et « A Good Rain Knows ». On lui propose aussi des blockbusters formatés où il fait pâle figure. Ce sera « Musa », « Le Bon, la Brute et le Cinglé » et récemment, « Cold Eyes ».

*Des rencontres manquées

Le désintérêt pour ses rôles au cinéma qui semble habiter celui qui aura marqué l'histoire récente des personnages sud-coréens portés à l'écran, ne vient pourtant pas de mauvais réalisateurs. « Le Bon, la Brute et le Cinglé » a été réalisé par Kim Jee-woon, l'auteur très remarqué de « The Fool King » et de « A Bittersweet Life ». Après l'échec du Sukyaki Western de Takeshi Miike, il s'agissait pour Kim Jee-woon de lancer le style du Kimchi Western. Mais là aussi la sauce n'a pas pris. C'est à peine si Jung Woo-sung a pu, un peu, égratigné sa nouvelle image de bellâtre de mélo.

*Et encore des rencontres manquées

« A Moment to remember » était un projet préfabriqué, certes, mais devant couronner le retour au pays de John H. Lee, réalisateur dont on avait perçu le talent prometteur dans « The Cut Runs Deep », un chef d'oeuvre du cinéma américano-coréen. Pourtant la rencontre entre Lee et Jung n'a pas fait des étincelles. Le film, même s'il a attiré les foules en Corée du Sud grâce au marketing, reste un échec cuisant pour les deux hommes. Jung s'y fourvoie en figeant son image de bellâtre de mélo romantique. Et les séries télévisées qu'il entreprend alors n’améliorent pas les choses : ce sera « Athena » où il tente de se refaire une image de méchant et « Padam padam » où il se réinstalle dans les clichés du bellâtre.

*Un retour possible ?

Après leurs échecs, John H.Lee et Jung Woo-sung se sont retrouvés. Il s'agit du remake du légendaire « The Killer » de John Woo. L'enjeu est de taille. Et le report à maintes reprises de la sortie du film le prouve. Ce film doit concrétiser le rêve du cinéma de genre sud-coréen des années 1990 : trouver un successeur à Chow Yun Fat grâce à Jung Woo-sung et trouver un successeur à John Woo et au cinéma de genre hongkongais grâce à John H. Lee. Le problème est que ce rêve est celui d'un passé désormais révolu et dont on sait qu'il n'a pu pleinement trouvé sa voie. Attention, donc : un rêve né d'une frustration peut souvent ressembler à un cauchemar.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >