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Miss Baek à la rescousse

2018-11-07

Séoul au jour le jour


« Miss Baek », premier film de Lee Ji-won avec l'actrice Han Ji-min et l’acteur Lee Hee-joon, se trouvait dans une posture difficile face à la sortie du blockbuster hollywoodien à 70 millions de dollars « First Man » de Damien Chazelle avec Ryan Goslin. Il a réussi a sauver les meubles avec 500 000 entrées après deux semaines d'exploitation.


* SOS enfants battus

L'intrigue du film - basée sur une histoire vraie dit la réalisatrice - peut paraître étrange sous la loi française de protection des enfants. La loi sud-coréenne est plus orientée vers la protection de l'intégrité des familles. Ainsi les problèmes commencent lorsque Miss Baek, elle-même une ancienne martyre de mère alcoolique, ne peut intevenir pour protéger une petite fille battue par de très mécahnts parents (le père est drogué aux jeux vidées, la mère aime les petits chiens et les massages). Finalement tout va rentrer dans l'ordre, ne vous inquiétez pas. La petite fille jouée par Kim Sia est impressionnante. Mais c'est surtout Kwon So-hyun qui joue la méchante qui emporte le morceau ; on l'avait vu dans « Madonna » un autre film réalisé par une femme, Shin Su-won récemment auteure de l'écolo-post-new-age « Glass Garden ». Pour ce qui est de Han Ji-min, peu réaliste dans le film mais qui a changé de registre par rapport à ses performances romanesques dans les TV dramas, son personnage semble vouloir représenter une femme forte et indépendante d'où le titre et son nom anglicisé de façon à éviter l'appellation d' « ajuma » qu'elle refuse dans le film. C'était peut-être là qu'aurait voulu en venir la réalisatrice. On ne le saura, probablement, jamais.


* Caméra-stylo ou filmer le texte ?

Le film de Lee Ji-won semble très écrit dans le sens où la caméra paraît suivre des lignes de texte descriptif des émotions des uns et des autres, des détails par-ci par-là. On sent que Lee a été assistante réalisatrice sur plusieurs films auparavant par sa recherche très réussie de lieux originaux et vrais pour y tourner son histoire. Si le film est minimaliste, il est riche en visions de la misère quotidienne des banlieues coréennes, leurs immeubles décrépis, leurs noraebangs (karaoke coréen) aux couleurs criardes, leurs salons de coiffure morbides, leurs supérettes désuettes et leurs restaurants moribonds. Oui, les lieux sentent le réel et l'application de l'assistante réalisatrice. Pourtant la caméra, en tentant d'échapper aux champs-contre-champs des TV Dramas de base – auquel le scénario ressemble fortement – ne fait que lire les lignes écrites du scénario, les respectant au point-virgule (qui n'existe d'ailleurs pas en coréen) gachant les efforts de réalisme des décors. Oui, la théorie de la caméra-stylo n'est pas celle du respect du scénario.


* Musique de film ou produit dérivé ?

Mowg (prononcez « Mogeu ») qui signe la musique du film est le pseudo de Lee Seung-hyun. Lee est probablement l'un des rares musiciens de film professionnels du pays du Matin clair. On ne compte plus ses films : « Burning » de Lee Chang-dong, « I Saw the Devil » de Kim Jee-woon et la plupart des autres films de ce réalisateur mais aussi « A day », « Masquerade » ou « The Outlaw », bref : Lee est partout pour le meilleur et pour le pire. Ici, dans « Miss Baek », il est omniprésent. Ce sont surtout des mélopées de guitare arrangées à la sauce sirupeuse et mélanco-bucolique. La bande-son prend souvent le dessus sur une intrigue qui se répète sans s'approfondir. Le résultat est étrange dans le sens où la musique semble déconnectée du film comme si elle avait été composée pour un album qui sera vendu comme un produit dérivé même si le film n'est pas un gros succès.

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