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Culture

Les nouvelles (1) - « Rumeurs » de Baek Ka-hum (5)

2016-02-04

Les nouvelles (1) - « Rumeurs » de Baek Ka-hum (5)
« Rumeurs », nouvelle de Baek Ka-hum traduite du coréen par Kim Jeong-eun, Lee Ho-yeon, Lee Seon-han, Pak Hyo-eun et Pak Yu-hyeong, sous la direction de Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet, publiée dans « Nocturne d'un chauffeur de taxi » paru aux éditions Philippe Rey en 2014.

* Extrait :
Le frère de la disparue proteste contre l'inspecteur alors que le pharmacien ne retient plus sa colère.

Pages 53 à 55 :
« Alors avec qui elle était, ma sœur ?
— Au lieu d'avoir honte de la mauvaise conduite de cette femme, vous osez venir faire un scandale ici ? Nos familles sont unies par ce mariage, j'ai fait de mon mieux pour ne pas vous offenser... mais... »
Le docteur, qui avait gardé le silence jusque-là, coupa la parole à son père :
« Papa, s'il te plaît...
— ... Comme j'ai honte, je ne voulais rien dire. Mais vous êtes vraiment mal embouchée, madame ! Renchérit le pharmacien. Vous nous demandez de retrouver votre fille qui a trompé son mari et fugué avec un autre ! On m'a même dit qu'elle disposait d'un studio à Daejeon ou par là. »
C'était au tour des Jang de se taire. Ils ne pouvaient ignorer cette rumeur qui circulait depuis le début de l'affaire. La mère de la pharmacienne souffrait le martyre : voici que sa fille unique, élevée comme une princesse au milieu de ses frères, dans un premier temps portée disparue, était maintenant désavouée par sa belle-famille !
Le docteur intervint :
« Pardonnez-lui, il est trop inquiet et tellement offensé... Tu sais, ta sœur m'a appelé cette nuit-là. Elle m'a dit à l'improviste qu'elle allait partir seule à l'étranger pour réfléchir. Evidemment, j'étais étonné, mais elle ne s'est pas expliquée davantage. Je l'attends, c'est tout. Ne t'inquiète pas trop, toi non plus. Elle est sûrement en bonne santé.
— Tout ça, c'est à cause de toi ! On raconte que tu la trompes. Tu crois qu'on n'est pas au courant ? On m'a dit que tu vis avec une autre fille ! »
Le frère de la pharmacienne repoussa froidement la main que le docteur avait posée sur son épaule. Le vieux Hwang qui craignait que trop d'oreilles n'entendent, jetait des regards inquiets autour de lui – vain scrupule, car le nombre des badauds s'était déjà multiplié.
Depuis cet incident, survenu deux semaines plus tôt, les parents de la disparue n'ont plus remis les pieds ni à la pharmacie ni à la clinique. Chaque fois qu'il les voit passer devant sa vitrine, le vieux pharmacien ne peut réprimer un frémissement.
Aujourd'hui, fermer la pharmacie blesserait profondément son amour-propre. Pourtant, si beaucoup de gens jettent un regard à l'intérieur, presque personne n'ose entrer. Les clients se font rares. Même les plus fidèles espacent leurs visites, ils vont acheter leurs médicaments ailleurs. C'est la piteuse manière qu'ont les gens du quartier de répondre à la générosité du pharmacien, qui faisait sa réputation. Il est extrêmement rare de voir des clients venir réconforter le vieil homme avec sincérité ; parmi ceux qui lui ont témoigné du respect pendant des décennies, les rares qui lui rendent encore visite cherchent à présent à entacher son honneur. Même ses vieux amis, sous le prétexte de le consoler, en profitent pour laisser libre cours à leur jalousie.


Retournons à Kim, le fermier qui cherche éperdument à retrouver l'autre disparue, Rhim Hye-suk.

Pages 55 à 56 :
Kim se pointe tous les jours à la coopérative agricole dans l'espoir d'apprendre du nouveau. C'est là que les on-dit convergent et se renouvellent sans cesse : mieux vaut toujours écouter ça que les appels idiots de pseudo-témoins. Bien qu'on soit en pleine saison des travaux agricoles, les gens affluent. Kim se glisse parmi eux, l'oreille attentive, guettant quelque propos concernant Rhim Hye-suk. Malheureusement, on ne s'intéresse plus qu'à la pharmacienne.
« J'ai surpris une conversation entre les policiers. D'après eux, le docteur Hwang a tué sa femme et l'a enterrée du côté du réservoir parce qu'elle refusait de divorcer. En plus, il possède plusieurs téléphones mobiles, histoire de se forger un bon alibi. »
Kim sent son cœur se soulever. Il imagine Rhim et sa fille à la place de la pharmacienne : la mère et sa petite fille implorant pour ne pas être enterrées vivantes…

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