Aller au menu Aller à la page
Go Top

Culture

Les nouvelles (2) - « L'homme aux neuf paires de chaussures » de Yun Hung-kil (3)

2016-03-31

Les nouvelles (2) - « L'homme aux neuf paires de chaussures » de Yun Hung-kil (3)
« L'homme aux neuf paires de chaussures », nouvelle de Yun Hung-kil traduite du coréen par Im Hye-gyong et Cathy Rapin, publiée dans « La Mousson » paru aux éditions Autres Temps en 2004.

* Extrait :
La famille de M. Kwon est donc venue s'installer dans la chambre libre près du portail de chez M. Oh.

Pages 116 à 117 :
« Ça ne fait pas partie de ce que nous avions convenu. »
Ma femme m'avait chuchoté ça à l'oreille dès que nous nous étions retrouvés seuls.
« Il a bien dit qu'ils avaient dû libérer aujourd'hui même leur ancienne chambre. Même si ce n'était pas prévu, qu'est-ce qu'on peut y faire ? De toute façon, on n'utilise pas cette chambre, qu'est-ce que ça fait qu'ils viennent quatre jours plus tôt...?
— Ce n'est pas ce que je veux dire.
— Ne t'inquiète pas. Ils nous ont promis le reste de la caution dans quelques jours. Ce ne sont pas des paroles en l'air, ce sont des gens bien, ils ne vont tout de même pas nous payer que la moitié.
— Quand ils ont signé le bail, je ne pouvais pas imaginer ce qui allait se passer, mais alors là, vraiment, quel toupet ! Ils savent pourtant bien que deux cent mille wons, c'est vraiment donné, comparé au montant habituel des cautions. Pourtant, ils font déjà irruption sans permission, et en plus, ils ne nous ont donné que cent mille wons. Plus j'y pense, plus je me dis qu'on ne peut pas se fier à eux. S'ils ne peuvent pas tenir une promesse aussi élémentaire, on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils respectent davantage, dans l'avenir, d'autres arrangements. Puisque c'est vous qui leur avez dit que c'était d'accord, vous vous occuperez de récupérer le reste de l'argent.
— Eh, une minute, c'est bien toi qui as choisi ces gens qui ne tiennent pas une promesse aussi élémentaire ?
— Comment aurais-je pu deviner ça sur leur simple mine ? Qu'est-ce que je suis censée faire quand les gens veulent vraiment nous tromper ? Et tenez-vous bien ! Ils nous réservent quelque chose d'autre.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Elle est enceinte. Peut-être qu'elle peut tromper tout le monde, mais pas moi ! Elle doit en être à son cinquième ou sixième mois. Peut-être bien sept, qui peut le savoir ? Je ne l'avais pas réalisé la dernière fois parce qu'elle portait un costume traditionnel, mais aujourd'hui je l'ai tout de suite remarqué.
— C'est bien tôt pour t'en apercevoir. »
Déjà, ma femme essayait en tout point de se comporter en propriétaire, tout juste comme une belle-fille devenue à son tour une belle-mère. Elle n'avait sûrement pas dû oublier les jours où nous avions été obligés de bourlinguer d'une chambre exiguë à une autre, mais elle en donnait à coup sûr l'impression. Elle avait pris l'habitude de parler de cette période de notre vie, qui n'était pas si lointaine, comme si c'était une vieille histoire et du présent comme s'il était trop beau pour être vrai. « Par quoi on a dû en passer pour avoir cette maison ! » C'est ce qu'elle disait à la fin de toutes ses phrases, tout en clappant de la langue.
C'est juste. Par quoi on avait dû en passer pour avoir cette maison ! Et j'avais toutes les raisons de m'attendre à ce que ma femme se sente bien plus fière que moi au sujet de cette acquisition.


M. Oh n'a pas encore parlé à sa femme du passé de M. Kwon que le policier Yi lui avait raconté.

Pages 122 à 123 :
Je ne fis aucune allusion devant ma femme à ce que Yi, le policier qui m'avait parlé du passé de cet homme de Andong, M. Kwon Ki-yong. Je ne lui avais pas raconté où s'était trouvé M. Kwon durant ces six années d'intervalle, entre la naissance de ses deux enfants, Un-gyong et Yong-gi. Que j'aime ou que je déteste cet homme n'était pas la question, j'avais décidé de garder le secret. La famille de M. Kwon n’avait déjà pas les faveurs de ma femme, et si elle avait su que M. Kwon était un ancien tôlard, elle aurait défailli. En plus, si elle avait appris qu'il avait fait plusieurs années de prison pour avoir troublé l'ordre public et que, même maintenant, il était considéré comme dangereux et surveillé par un policier, elle n'aurait pas vécu avec eux un jour de plus sous le même toit.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >