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Culture

Les nouvelles (2) - « L'homme aux neuf paires de chaussures » de Yun Hung-kil (4)

2016-04-07

Les nouvelles (2) - « L'homme aux neuf paires de chaussures » de Yun Hung-kil (4)
« L'homme aux neuf paires de chaussures », nouvelle de Yun Hung-kil traduite du coréen par Im Hye-gyong et Cathy Rapin, publiée dans « La Mousson » paru aux éditions Autres Temps en 2004.

* Extrait :
Le pressentiment de Mme Oh se confirme très rapidement. La femme de Kwon était bien enceinte de six mois et les enfants s'avèrent être un casse-tête, surtout pour le petit Tong-jun, le fils de M. Oh.

Pages 123 à 125 :
Un dimanche où Tong-jun était en train de jouer dans notre cour avec un gros ballon, les gosses de M. Kwon commencèrent à lui tourner autour, essayant de l'entortiller pour qu'il joue avec eux. Comme Tong-jun persistait, malgré leurs efforts, à ne pas leur répondre, ils le frappèrent ou le griffèrent, enfin quelque chose dans ce genre, ce qui le fit pleurer. Ceci retourna réellement l'estomac de ma femme. Puis ils rentrèrent chez eux, probablement pour harceler leur mère. Une seconde plus tard, Tong-jun arriva en haletant et commença à importuner sa mère, lui demandant, extrêmement excité, de lui acheter tout de suite le même ballon que les enfants de M. Kwon. Finalement, il l'entraîna par la main dans la cour. Ma femme rentra le feu aux joues et ce fut elle qui à son tour m'attrapa la main et me tira dans la cour. Je vis alors les enfants de M. Kwon, heureux comme difficilement on peut l'être, jouant avec plusieurs ballons. Je ne pouvais pas reprocher aux enfants de nos locataires de s'amuser. Le problème était que ces ballons avaient l'aspect affreux d'énormes concombres. Je reconnus en un clin d'œil ce que ça pouvait être. J'étais certain que c'était des préservatifs. Je ne saurais dire dans quelle indignation était ma femme. Elle me dit que, pour l'éducation de notre fils, nous ne pouvions pas passer sur un incident aussi sérieux. Heureusement que ce dimanche-là, M. Kwon était allé travailler car je pouvais ainsi confier à ma femme, avec un sentiment de soulagement, le soin de s'occuper de ce problème d'éducation. Depuis longtemps, elle ne cessait d'ouvrir l'œil, et cet incident lui donna l'occasion de se précipiter chez la femme de M. Kwon et d'insister auprès d'elle sur le fait que cette dernière, comme son mari, devait avoir la dignité que l'on attend d'adultes responsables.

C'est après de pénibles privations que nous avions obtenu une maison, d'un style occidental avec un grand toit rectangulaire, bâtie par la banque sur un lot de cent pyong, ce qui n'est pas rien, et situé en plus sur la colline, derrière la mairie, connu comme le quartier résidentiel le plus agréable de Songnam. En tant que maîtresse d'une telle maison, ma femme n'avait pas été très regardante quant aux conditions qu'elle proposait à ses futurs locataires. Premièrement, les locataires ne devaient pas avoir plus de deux enfants. Deuxièmement, ils devaient être calmes. S'ils pouvaient remplir ces deux conditions, ma femme ne les limiterait pas, par exemple, pour l'utilisation de leurs appareils électriques, l'eau qu'ils pourraient utiliser pour laver du gros linge tel que leurs couvertures, et elle leur ferait un prix raisonnable pour le ramassage des ordures, les vigiles de nuit et autres charges.
Mais pourquoi les locataires ne devaient pas avoir plus de deux enfants ? Eh bien, ma femme s'était entendue seriner la même chose à l'époque où nous cherchions un logement, quand elle accompagnait, dans les environs, un agent immobilier assez âgé. Ces mots l'avaient frappée et elle avait cru qu'un respectable propriétaire devait bien sûr insister sur une telle condition. Et pourquoi les locataires devaient être calmes ? Ma femme insistait sur ce détail afin d'offrir un environnement calme à son prétendu érudit de mari, qui montrait au monde que le manque d'argent était simplement dû aux études devant se poursuivre tout au long de la vie. En fait, elle avait été déprimée que nous ayons dû louer une de nos chambres, même après avoir réalisé notre rêve d'acheter une maison. En même temps, elle était visiblement satisfaite d'exercer ses droits de propriétaire sur ses locataires.

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