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Culture

La poésie (4) – Cho Jung-kwon (2)

2017-03-28

La poésie (4) – Cho Jung-kwon (2)
« Une tombe au sommet », recueil de poèmes de Cho Jung-kwon traduit du coréen par Han Daekyun et Gilles Cyr, paru aux éditions Circé en 2000.

* Présentation du poète :
Cho Jung-kwon est un poète passionné d'art, en particulier de musique. Dans la notice biobibliographique du recueil « Une tombe au sommet », il est dit : « sa prédilection va vers la musique religieuse du Moyen Age, Mozart, Wagner, Mahler. Il voit dans la musique des deux derniers compositeurs, chez qui il se reconnaît une parenté spirituelle, l'une des inspirations d'Une tombe au sommet – leurs noms sont d'ailleurs mentionnés dans le 29e poème. »
Le voyage est également une source d'inspiration chez Cho Jung-kwon. Il a visité le Japon, Taiwan, la Thaïlande, le Mexique, mais c'est surtout ses périples en Europe qui ont influencé son univers poétique. En 1991, après un voyage en Allemagne, il a présenté un ensemble de poèmes qui fait écho de ce séjour d'un mois. Trois ans plus tard, il a voyagé cette fois-ci en France, en Angleterre et en Italie, où il a assidûment fréquenté les musées.

* Poèmes

Confessions (extrait)

...musique up/down...

Seuls les désespérés
obtenaient des prix
à l'école de Dieu.

Tenant leurs demandes d'admission pleines d'angoisse,
les vieux élèves attendaient leur tour.

Des milliers de gens vêtus comme des malades
après l'échec poussaient un soupir de soulagement.
Ils reviendraient quand ils seraient plus fatigués encore.

Le vieillard corrigeait et notait
en lisant ma réponse écrite, celle de mon cœur.

Les réponses désespérées se sont rassemblées dans un coin.
J'ai entrevu la réponse écrite de Hölderlin,
Georg Trakl, Heine, Gustav Mahler, Wagner et Mozart.
O vous qui tôt avez quitté la terre !
Dieu, je te le dis, ils valent infiniment plus que moi.
Ils devraient montrer la plus grande dignité,
bien qu'ils n'aient aucune valeur !

Les chansons des lèvres

Les chansons des lèvres
ne seront pas rendues au sol.
Il y a le souffle, les lèvres —
la bouche qui servit à produire l'étincelle de l'âme
retourne au sol,
mais les chansons des lèvres
ne seront pas enfouies dans la terre.
Ce sont les deux mains nées pour tenir des angoisses
que je devrai rendre,
et les deux jambes nées pour des errances,
la chair qui marque l'existence sur la terre,
les os de ce supplice qu'un jour je devrai rendre au sol.
Ah, ah, la chair de ce supplice au long bâton errant,
et le front angoissant des bêtes atroces
qui grimpent sur la terre avec le cercueil de l'obscurité !
Et la langue que je devrai rendre pour la dernière fois.

Les chansons des lèvres
que nous chantons avec la langue
ne seront pas rendues au sol.
De même qu'une feuille faible a besoin de force
pour tomber sans bruit, les hommes
ont besoin de force, vous le savez,
pour éteindre le feu de leurs âmes.
Oh, la nuit vient !
Terre ! Nous courons vers toi,
ne ferme pas encore le couvercle du cercueil.
Ne ferme pas encore le couvercle du cercueil.
Nous sommes tous des bougies
courant dans le vent.

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