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Culture

Les romans policiers (1) – Kim Tak-hwan (2)

2017-12-05

Les romans policiers (1) – Kim Tak-hwan (2)
« Les romans meurtriers », roman policier de Kim Tak-hwan traduit par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, paru aux éditions Philippe Picquier en 2010.

* Présentation
Né en 1968 à Jinhae dans le sud-est de la péninsule coréenne, Kim Tak-hwan a fait des études en langue et littérature coréennes à l’université nationale de Séoul. Il a publié de nombreux romans historiques et fantastiques dont « L’Immortel Yi Sun-sin », série historique en huit volumes adaptée à la télévision et diffusée par la KBS.

* Extrait (pages 16 à 18)
Dès l’aube, des nuages noirs s’assemblèrent pour finalement se déverser en une pluie mêlée de grêle. Alors, les bœufs poussèrent de longs meuglements tout en donnant des coups de sabots de leurs pattes arrière. Inclinant la tête vers le sol, ils firent glisser sur leur dos les nattes de paille qui les recouvraient. Des mottes de terre jaillirent sous leurs sabots. Instinctivement, les badauds reculèrent de quelques pas. On entendait de loin en loin croasser les corbeaux entre les multiples bannières colorées des trente-deux directions qui claquaient au vent. Les soldats, revêtus du manteau sans manches de leur uniforme, tenaient leurs longues lances à la main. Tournant le dos au lieu de l’exécution, ils surveillaient la foule d’un regard menaçant. Des pétitions réclamant la grâce de Cheong Un-mong, accompagnées d’une satire critiquant Sa Majesté le roi Jeongjo, étaient placardées sur chacune des quatre petites portes de la capitale – la porte Hyehwa à l’est, la porte Soui à l’ouest, la porte Kwanghui au sud et la porte Changui au nord-ouest.
La foule déferlait, toujours plus nombreuse, dans le quartier du marché près de la Porte Neuve (l’actuelle Grande Porte Ouest) où les boutiques avaient déjà fermé leurs volets. Jamais on n’avait vu une telle multitude agglutinée devant cette porte, pas même lorsqu’un émissaire chinois faisait son entrée dans la ville après avoir passé la nuit à Mohwagwan, la résidence des émissaires chinois située à l’extérieur de la Porte Neuve. Ce quartier d’Unjongga – dont le nom signifie « rue très fréquentée » – ne s’appelait pas ainsi pour rien. [...]
Les badauds n’étaient pas les seuls à être descendus dans la rue. Des fonctionnaires de la police et de la Haute Cour s’y tenaient également, ceux-là sur le qui-vive.
Les regards des curieux étaient aussi variés que la couleur de leurs vêtements. Il y avait parmi eux des yeux chargés d’une profonde affliction, des yeux inondés de larmes de pitié, des yeux empreints de tristesse, fixés dans le vide. Et c’étaient surtout ceux-là qu’il fallait guetter, car afficher sa pitié ou sa sympathie envers le condamné était un acte répréhensible qui méritait le bâton. Mais, malgré l’attitude menaçante des soldats, l’intensité de ces regards ne faiblissait pas. Au contraire, leur expression se répandait comme une brume. Ils étaient encore peu nombreux, mais ils attiraient inexorablement l’attention du reste de la foule. Pour quelle raison ces gens-là se sentaient-ils aussi accablés que s’ils avaient dû quitter leur ami le plus cher ? Pourquoi pleuraient-ils comme s’ils avaient perdu leur bien-aimée ?

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