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Shin Jae-hyo était un fonctionnaire subalterne de Gochang dans la province de Jeolla du Nord de l’époque de Joseon. Grâce à son père qui dirigeait une pharmacie, il jouissait d’une vie aisée, ce qui lui a permis de faire ses études auprès d’érudits confucéens de renom. Il a offert de la nourriture aux gens démunis pendant la famine qui a frappé la région et fait un grand don pour la reconstruction du palais Gyeongbokgung. 


Même si ses actes de bonté lui ont valu une promotion au rang de « Tongjeongdaebu », une position officielle de haut niveau, Shin Jae-hyo, issu de la classe moyenne, était soumis à diverses restrictions sociales. C’est donc dans le pansori qu’il a trouvé du réconfort. En tant que musicologue, il a fixé la forme de ce récit chanté et recueilli les textes constituant un corpus de cinq pièces qui subsistent jusqu’à nos jours. Il a également écrit les paroles pour les pièces de pansori, notamment « Gwangdaega ». « Gwangdae » est un terme coréen qui désigne un artiste populaire. Les paroles de cette mélodie décrivent l’histoire du pansori et l’attitude appropriée des chanteurs. 


Selon Shin Jae-hyo, il faut quatre qualités pour devenir un grand artiste de pansori : une belle apparence, l’éloquence, la maîtrise de la voix, la gestuelle appropriée. Certes, une belle apparence peut être un atout pour un artiste, mais Shin ne voulait pas forcément dire que les chanteurs devaient être beaux. Il leur conseillait plutôt d’adopter la bonne attitude pour qu’ils soient présentables devant le public.


Il y a quelques années, un film intitulé « Dorihwaga » ou « Le son d’une fleur » est sorti dans les salles sud-coréennes. Ce film relate la relation entre Shin Jae-hyo et Jin Chae-seon, la première chanteuse de pansori de Joseon. Jusqu’à la fin du 19e siècle, le chant des femmes a fait l’objet d’un mépris dans la société coréenne. Pourtant, le célèbre musicologue a été séduit par le chant de Jin Chae-seon et l’a prise comme disciple. Grâce à ce grand maître qui a reconnu son talent, la jeune fille a pu déployer pleinement ses capacités de chanteuse. En 1869, le prince régent Heungseon Daewongun, le père du roi Gojong, a offert un banquet pour célébrer la construction du Gyeonghoeru, un pavillon du palais Gyeongbokgung. Les artistes de renom de tous les coins du pays ont été invités à chanter à cette occasion. Shin Jae-hyo a recommandé à son élève d’y assister en tant qu’artiste représentant la région de Gochang. Déguisé en jeune homme, Jin Chae-seon a chanté plusieurs extraits des pièces de pansori que son maître a composées. Le public a été fasciné par l’excellente performance de la chanteuse et le prince régent l’a faite s’installer au palais Unhyeongung pour qu’elle ne retourne pas à Gochang. Shin a composé une chanson intitulée justement « Dorihwaga » en regrettant sa disciple. 


Shin Jae-hyo a d’abord recueilli douze textes pour constituer un corpus de pansori, mais, de nos jours, seules cinq pièces subsistent : « Chunhyangga » ou « Le chant de la fidèle Chunhyang », « Heungboga » ou « Le chant de Heungbo », « Shimcheongga » ou « Le chant de Shim Cheong », « Sugungga » ou « Le chant du palais sous les mers » et « Jeokbyeokga » ou « Le chant de la falaise rouge ». Le pansori puise son inspiration dans la tradition chamanique de la province de Jeolla, les romans et la poésie chinoise classique. C’est Shin Jae-hyo qui a fixé la forme du pansori à partir des paroles transmises de génération en génération de bouche à oreille parmi les gens qui ne savaient que rarement lire. Il a également intégré différents points de vue dans les paroles. Par exemple, dans sa version de « Jeokbyeokga » ou « Le chant de la falaise rouge », il a ajouté un passage sur l’impuissance des gens ordinaires et leur sacrifice pendant la guerre. 


[Liste des mélodies de cette semaine]

1. « Gwangdaega » interprété par l’ensemble Jaebi

2. Un extrait du pansori « Shimcheongga » ou « Le chant de Shim Cheong » interprété au chant par Kim So-hee en compagnie de Kim Myeong-hwan au tambour

3. Un extrait du pansori « Jeokbyeokga » ou « Le chant de la falaise rouge » interprété au chant par Yun Jin-cheol avec Cho Yong-su au tambour

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