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Culture

Les artistes au chômage ou presque

#Aux sources de la musique coréenne l 2022-03-17

Aux sources de la musique coréenne

Les artistes au chômage ou presque

Une certaine Jung Min-a, ancienne élève du lycée national du gukak, ayant poursuivi sa formation de joueuse de gayageum à l’université Hanyang, a échoué à plusieurs reprises à intégrer un orchestre symphonique de musique traditionnelle. Elle doit ainsi renoncer à une stabilité professionnelle, à moins qu’elle ne s’oriente vers un tout autre métier que celui de musicienne de gukak


Pour gagner sa vie, la voici ainsi devenue télévendeuse. Un travail mal payé. Pour augmenter ses revenus, elle a trouvé un petit boulot le week-end comme serveuse dans un café-concert. Elle est ravie de ce job, car elle peut avoir accès à la salle de répétition des musiciens. Elle n’a donc pas abandonné la musique et sa passion pour le gukak.


Un jour, ayant appris que Min-a avait suivi une formation musicale, son patron lui propose de rejoindre la troupe de son établissement. Pourquoi pas ? Elle accepte. Elle va ainsi chanter en jouant du gayageum. Un spectacle original pour certains, drôle pour d’autres. Son répertoire est constitué de vieilles mélodies de gukak adaptées au goût du public du XXIe siècle et également de ses propres créations. Une chanson intitulée « Boulette de riz » par exemple :


 Si un flic passe, c’est foutu

 Tiens ! Mais d’où sort-il 

 Il confisque mes boulettes de riz

 Il me flanque une contravention

 Je suis ruinée


Le texte a été écrit en souvenir de l’une de ses multiplies activités pour gagner sa vie : vendre des boulettes de riz devant une bouche de métro, un commerce illégal.


Le premier album de Jung Min-ah, « Sangsamong », publié en 2006, a été vendu à plus de 10 000 exemplaires. Un succès pourtant éphémère. En effet, quel organisateur de concert, quelle chaîne de télévision chercherait à promouvoir un musicien de gukak ? Quant aux rares orchestres symphoniques de musique traditionnelle, comme le prestigieux Orchestre national de gukak par exemple, fiers de leur bonne lignée, semble dédaigner, même mépriser une joueuse de gayageum ayant accepté de se produire dans un café-concert.


Non seulement Min-a, mais aussi beaucoup d’autres artistes de gukak sont des artistes indépendants, autant dire des intermittents. Ils gagnent difficilement leur vie, en multipliant pour beaucoup les petits boulots totalement éloignés du monde de la musique. Cela est d’autant plus regrettable que certains d’entre eux possèdent un diplôme prestigieux. A l’instar de Kim Yong-woo qui a suivi des études de gukak à la fameuse université nationale de Séoul. Regrette-t-il son choix ? Voici un texte qu’il a écrit sur la mélodie d’un vieux chant folklorique intitulé « Cheonchunga », « Hymne à la jeunesse » :


Sans sou, sans espoir pour un emploi

Mille projets conçus sans jamais aboutir

Vouloir, c’est pouvoir, il faut en rire


Un texte très pessimiste qui a sans doute un profond retentissement chez les jeunes sud-Coréens du nouveau millénaire particulièrement touchés par le chômage. Dans la suite cependant, le chanteur fait volte-face :


Mais on est jeune

 Avoir une situation, on s’en fiche

 Plier l’échine, jamais

 On est jeune, parce qu’on est orgueilleux


Les artistes sont généralement orgueilleux. Et selon le texte de « Cheongchunga », ils sont ainsi éternellement jeunes. Il y a quelques années, une nouvelle, qui en dit long sur ce sujet, a stupéfait les sud-Coréens.


Une certaine Choi Go-eun, jeune scénariste, a été trouvée morte dans son petit appartement. « Cela fait plusieurs jours que je n’ai rien mangé », a-t-on pu lire sur un bout de papier laissé sur son bureau, adressé à sa voisine qui, plusieurs fois, avait aidé matériellement cette femme vivant dans la précarité. Celle-ci la suppliait : « Pouvez-vous me prêter encore une fois un peu de riz et de kimchi ? » La missive n’étant pas parvenue cette fois à sa destinatrice. On a dit que Choi était morte de faim. Mais elle est plus probablement morte d’orgueil, car elle avait finalement renoncé à frapper à nouveau à la porte de sa voisine.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Boulette de riz » chanté par Jung Min-a.
  2. « Hymne à la jeunesse » chanté par Kim Yong-woo.
  3. « Le Tigre » chanté par Bang Su-mi.

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