Le peuple comme fondement de la nation
Les systèmes démocratiques établis dans les pays occidentaux sont tous plus ou moins inspirés de la Grande charte anglaise. Cette charte, dont le nom original est la « Magna Carta », a été établie afin de garantir les droits et les libertés du peuple anglais. La dynastie Joseon, qui a régné sur la Corée de 1392 à 1910, disposait, elle, de sa propre constitution dès le 14^ème siècle. Le document en question est intitulé « Joseon Gyeonggukjeon », ce qui signifie littéralement « le Code administratif de Joseon », et contient les principes et les idéaux d’un gouvernement démocratique. Il est le fruit d’efforts soutenus et a permis de jeter les fondements des 500 ans d’histoire politique de la dynastie Joseon. L’introduction du Code administratif a marqué le début d’une époque de renouvellement politique avec l’idée que le peuple constituait la base de la nation : les sujets du roi avaient ainsi un pouvoir de contrôle sur le monarque. Le créateur du Code administratif de Joseon est Jeong Do-jeon, philosophe et politicien qui a vécu à la fin de la dynastie Goryeo et au début de la dynastie Joseon.

Un homme qui a montré la voie
Jeong Do-jeon est issu d’une famille noble. Il est né à Youngju, dans la province de Gyeongsang du Nord. Il était le fils aîné de Jeong Un-gyeong, un haut fonctionnaire. Le père de Do-jeon attendait beaucoup de son fils ; c’est pourquoi il lui a donné son prénom, qui signifie « celui qui montre la voie ». Jeong Do-jeon a mené une vie à la hauteur de son nom, jouant un rôle clé dans la période de transition de la dynastie Goryeo à la dynastie Joseon. Il a étudié sous la direction de Yi Saek, un philosophe néo-confucéen de renom, et s’est montré brillant dans des domaines variés comme la stratégie militaire, la géographie et le droit. Il a réussi le concours d’entrée à la fonction publique en 1362. Malgré tous ses accomplissements, Jeong n’a pas joui de la reconnaissance qui lui était due à cause de la basse extraction sociale de sa mère.

Sous la dynastie Goryeo, Jeong est resté fermement opposé à l’idée de maintenir des liens étroits entre Goryeo et la Chine. Pour cette raison, il a été exilé à Naju, dans la province de Jeolla du Sud. Là, il s’est lancé dans l’enseignement et l’agriculture, ce qui lui a permis de comprendre véritablement les souffrances du peuple et de réaliser combien le gouvernement négligeait ses besoins. Il est alors devenu le chef d’état-major de Yi Seong-gye, le fondateur de la dynastie Joseon. L’incident de 1388 appelé « le retrait des troupes de l’île Wihwa » a mené à l’établissement de nouvelles bases économiques et politiques pour l’ère de Joseon, et a donc mis fin officiellement à la dynastie Goryeo.

Un politicien qui a jeté les fondements de l’ère Joseon
Le gouvernement sous la dynastie Goryeo était formé de la simple juxtaposition de pouvoirs divisés. Le gouvernement de Joseon était, lui, le résultat d’une organisation et d’une préparation méticuleuse. Le travail de Jeong Do-jeon a eu un impact important sur la politique et les affaires sociales. En tant que chef de projet, il a réussi à mener à bien le déplacement de la capitale du pays. Hanyang prenait ainsi la place de Gaegyeong, la capitale sous Goryeo. Il a aussi nommé plusieurs sites du palais Gyeongbok dont Geunjeongjeon, Sajeongjeon et Gangnyeongjeon.

Jeong a surtout joué un rôle décisif dans l’établissement des bases d’une nouvelle idéologie de gouvernement pour Joseon. Jeong rêvait d’un Etat confucéen, reposant sur trois piliers : les rois, les membres du gouvernement et le peuple. Il s’écartait ainsi des idées bouddhistes à la base de l’idéologie politique sous Goryeo. Il a jeté les fondements d’un nouveau système politique en proposant une vision néo-confucéenne, à l’époque considérée comme très libérale.

Sept ans après l’établissement de la dynastie Joseon, Jeong a été tué par les forces d’opposition menées par Yi Bang-won, lesquelles croyaient plutôt en la monarchie absolue et rejetaient les principes démocratiques avancés et pratiqués par Jeong. En 1397, les pensées et les enseignements politiques de Jeong ont été compilés dans le « Gyeongguk Daejeon », aussi connu comme le « Grand code pour la gestion de la nation » ou le « Grand code pour la gouvernance de la nation ». L’ensemble de ces textes a eu une influence décisive sur la vie politique de Joseon.